Comme à GAZA, l’état de guerre à fait 2600 victimes en Ukraine, principalement des civils puisque l’aviation et l’artillerie de KIEV bombardent des villes et des villages qui subissent aussi un blocus. 500 000 personnes ont dû quitter leur domicile par peur des bombardements, ou pour fuir les exactions des bandes armées, elles sont donc maintenant des réfugiés.
Mais l’analogie s’arrête là.
Dans ce conflit, comme communistes, nous ne pouvons soutenir un camp impérialiste plutôt qu’un autre, un nationalisme manipulé plutôt qu’un autre. Comme nous le disions dans l’article précédent sur la Palestine
il était juste politiquement de soutenir les luttes de libération nationale Algérienne ou Vietnamienne (ou Palestinienne aujourd’hui) qui s’exercent contre une puissance coloniale mais c’est faire le jeu de la réaction que de soutenir tel ou tel nationalisme des Balkans au prétexte qu’il aurait été opprimé par l’état Yougoslave centralisateur. Ces nationalismes-là sont attisés par les rivalités entre les puissances impérialistes qui ne cherchent qu’à démanteler des états selon leurs intérêts propres. Dans ce cas comme dans le conflit Ukrainien nous devons soutenir les mouvements qui prônent le vivre ensemble contre l’épuration ethnique ou religieuse. Notre priorité sera aux mouvements qui lient leur démarche à l’émancipation sociale.
Nous relayons ci-dessous les conclusions des Thèses sur l’Ukraine de la Tendance Marxiste Internationale (TMI)
( à lire dans leur intégralité ici http://www.lariposte.com/Theses-sur-l-Ukraine.html)
Ainsi que l’appel des Antifascistes Ukrainiens en exil, traduit et publié par Servir le Peuple (suivi des commentaires de SLP)
Conclusions des Thèses sur l’Ukraine de la Tendance Marxiste Internationale (TMI)
« ….Dans cette situation complexe, les tâches des marxistes sont claires.
Premièrement, nous sommes contre le gouvernement de Kiev, un gouvernement réactionnaire qui compte des éléments d’extrême droite, intègre des bandits fascistes dans l’appareil d’Etat et s’en prend aux droits démocratiques. Nous sommes solidaires des organisations ouvrières et de gauche qui luttent contre ce gouvernement et subissent la répression, les pogroms, les assassinats, les offensives de l’ATO et autres sauvageries. Cela ne signifie pas que nous devons donner le moindre soutien aux éléments réactionnaires, nationalistes russes et confus qui sont dans la direction des républiques du Donbass. Au contraire, notre devoir est d’expliquer que seule une politique de classe et internationaliste, basée sur l’expropriation des oligarques, pourrait garantir la victoire contre Kiev.
Deuxièmement, nous avons combattu l’illusion selon laquelle Poutine défendrait les revendications démocratiques, nationales et sociales du peuple travailleur du sud-est de l’Ukraine. Sur ce point, l’expérience nous a déjà donné raison.
Troisièmement, nous nous opposons à nos propres gouvernements occidentaux, qui soutiennent pleinement le gouvernement réactionnaire d’Ukraine en guerre contre son propre peuple.
En Russie, nos camarades ont la tâche difficile d’organiser la solidarité avec la résistance anti-fasciste en Ukraine tout en menant une lutte implacable contre leur propre gouvernement bourgeois vorace, hypocrite et réactionnaire. Ils ont maintenu cette position depuis le début du conflit.
L’idée que ce conflit résulte d’une agression de l’impérialisme russe contre une Ukraine semi-coloniale – cette idée ne tient pas debout et mène directement au soutien du gouvernement de Kiev, son ATO criminelle, les gangs fascistes qui en font partie, ses assauts contre les droits démocratiques et son nationalisme réactionnaire. Que des soi-disant « socialistes » défendent une telle position en Ukraine – ou, pire encore, à Londres ou Washington – est doublement traitre.
Ironiquement, les mêmes groupes « de gauche » qui hurlent hystériquement au fascisme chaque fois qu’un parti de droite populiste enregistre une poussée électorale, sont incapables de reconnaitre l’existence de gangs fascistes et nazis qui, en Ukraine, assassinent des militants de gauche, saccagent leurs locaux et jouent le rôle de forces auxiliaires d’un gouvernement réactionnaire qui mène une guerre contre son propre peuple.
Nous devons lutter contre le fascisme. Mais cette lutte ne peut être victorieuse que si elle est liée à la lutte contre le capitalisme, lequel offre un terrain fertile au fascisme.
Le socialisme est internationaliste ou n’est rien. A fortiori en Ukraine, il n’y a pas d’issue sur des bases nationalistes. Les soi-disant nationalistes ukrainiens à Kiev représentent le type de chauvinisme le plus enragé, qui sert de masque au fascisme. Ils ont mené le pays au bord de l’abîme et l’ont déjà plongé dans une guerre civile qui pourrait aboutir à la destruction de l’Ukraine comme nation.
La désintégration de l’Ukraine serait un développement réactionnaire, qui exacerberait énormément les haines et les antagonismes nationaux. Cela mènerait à un nettoyage ethnique, des pogroms et des massacres de grande ampleur. Cela renforcerait l’emprise des tendances fascistes et hyper-chauvines des deux côtés, menant à une soif de revanche et à des actes terroristes. Ce qui est arrivé à la Yougoslavie est un terrible avertissement à la classe ouvrière d’Ukraine.
Il faut une politique capable d’unir toute la classe ouvrière pour renverser l’oligarchie. La seule solution réelle à la question ukrainienne est le renversement des oligarques (ukrainiens et russes) et l’introduction d’un plan de production socialiste et démocratique permettant d’en finir avec le cancer de l’immigration et l’émigration forcée – et de mobiliser toute la population pour réaliser l’immense potentiel de l’industrie et de l’agriculture ukrainiennes.
Historiquement, les peuples d’Ukraine et de Russie ont toujours été étroitement liés. Le peuple ukrainien n’est pas anti-russe, mais il ne veut pas être dominé par Moscou. Une révolution socialiste en Ukraine mènerait rapidement au renversement de Poutine et des oligarques russes. Cela ouvrirait la voie à une authentique fédération socialiste unissant la Russie et l’Ukraine sur la base d’une égalité stricte, de la démocratie et de la fraternité entre ces deux grands pays…. »
Athènes, le 3 août 2014
Appel des Antifascistes Ukrainiens en exil
L’organisation communiste ukrainienne Borotba est désormais plongée dans la clandestinité, ses militants sont pourchassés sous l’accusation de soutenir le « terrorisme séparatiste » et son site internet ne répond plus. Quelques éléments parviennent toutefois, tant bien que mal, à communiquer avec l’extérieur ; ainsi le responsable Sergueï Kiritchouk qui s’est exilé et a donné cette interview à un journal allemand.
D’autres ont pu gagner la Crimée qui (comme chacun-e le sait) a fait sécession en mars dernier avant de proclamer son rattachement à la Russie, et connaît depuis lors une relative « paix russe » (ceci renforcera évidemment encore, jusque dans l' »extrême-gauche » ukrainienne et internationale, l’accusation d’être « à la solde de Moscou » ; mais faut-il tellement s’en étonner s’ils peuvent trouver là, à deux pas de chez eux, une tranquillité relative alors qu’ils sont traqués dans toutes les régions sous contrôle de Kiev ?).
Ils ont fait parvenir au site « Workers World » ce texte que nous avons traduit, annonçant le lancement d’un « Centre antifasciste » à Simferopol – dans la péninsule séparatiste.
Nous avons trouvé ce texte hautement intéressant car il n’appelle pas à rejoindre les « glorieuses forces » de la République « populaire » séparatiste du Donbass (où les antifascistes se retrouveraient rapidement aux côtés de… fascistes pro-russes, y compris venus de France, le mouvement fasciste européen s’étant globalement partagé entre pro-russes et pro-ukrainiens comme hier entre pro-serbes et pro-croates en Yougoslavie) ; mais au contraire à allumer et développer la résistance populaire antifasciste dans TOUT L’ÉTAT UKRAINIEN, au Sud (Odessa) comme à Kiev, au Nord et même à l’Ouest où se développe çà et là une résistance à la mobilisation militariste de la junte contre les séparatistes du Donbass… Autrement dit il dénationalise les enjeux, tentant d’arracher les choses à un affrontement Ukraine-Russie et « Ukrainiens proprement dits » vs « Novorusses » pour les amener sur un terrain DE CLASSE et de CONCEPTION DU MONDE : ouvriers et paysans contre oligarques, justice sociale contre botte du FMI et de la BCE et résistance populaire contre le fascisme !
Lancement d’un Centre antifasciste en Ukraine
Soutenez le Centre pour les antifascistes d’Ukraine, créé à Simferopol en Crimée – Nous avons besoin de votre aide !
La nécessité objective d’un Centre de soutien aux antifascistes d’Ukraine à Simferopol :
En ce moment, il est extrêmement difficile aux forces qui s’opposent au fascisme en Ukraine de travailler sur le territoire contrôlé par le gouvernement de Kiev ; en particulier pour l’organisation de gauche la plus active : l’Union Borotba (« Lutte »). Dans les villes du Sud-Est ont eu lieu des arrestations massives de militants anti-Maïdan, et des centaines de personnes sont maintenant derrière les barreaux. Le Service de Sécurité ukrainien recherche et arrête à présent nos camarades pour le simple fait de poster sur les réseaux sociaux (Facebook, Vkontakte), ce qui est qualifié de « propagande séparatiste ».
Dans ces conditions, les cellules de Borotba et d’autres organisations de gauche et antifascistes opèrent de manière semi-clandestine. Des dirigeants importants de ces organisations ont fait l’objet de représailles. Notre organisation ne peut plus désormais fonctionner que sur le principe du réseau – comme réseau de petits groupes autonomes menant l’agitation et la propagande et tentant d’organiser, tout en se protégeant des attaques des combattants néofascistes.
L’activité d’une direction centrale de l’organisation est devenue impossible sur le territoire contrôlé par les autorités de Kiev – il y a un trop grand risque d’exposition d’un tel centre et d’une destruction de tout le réseau.
Cette situation engendre la nécessité d’un centre de coordination pour Borotba et autres organisations amies et groupes de gauche en dehors du territoire contrôlé par Kiev. Un exemple pour cela est le travail des sociaux-démocrates russes au début du 20e siècle, afin de créer un centre capable de coordonner l’action des cellules clandestines.
Les activistes impliqués dans la lutte antifasciste en Ukraine, qui risquent l’arrestation, la torture et même la mort, doivent savoir qu’ils ne seront pas laissés sans refuge ni moyens de subsistance si besoin est, afin qu’ils puissent continuer à participer à la lutte pour libérer l’Ukraine des nazis.
Conditions subjectives pour un Centre de soutien aux antifascistes d’Ukraine à Simferopol :
Du fait de la répression des autorités de Kiev contre l’Union Borotba et d’autres organisations de gauche et patriotiques, de nombreux activistes ont été obligés à fuir le territoire ukrainien. Actuellement, environ 20 membres de Borotba originaires d’Odessa, de Dniepropetrovsk, de Kiev et d’autres villes, qui ont quitté l’Ukraine sous la menace d’arrestation et de violences, se trouvent dans la République de Crimée à Simferopol.
Pour le moment, ces exilés antifascistes ne possèdent que leurs maigres ressources pour leur loyer et autres nécessités ; ils n’ont pas d’emploi d’autres sources de revenus. Dans le même temps, nos camarades ne veulent pas devenir des réfugiés ni recevoir la nationalité russe : il veulent retourner en Ukraine et vaincre le régime néofasciste.
L’Union Borotba, sous la direction du député au Conseil régional d’Odessa Alexeï Albu et du coordinateur Victor Shapinov, a déjà commencé à coordonner Borotba et d’autres forces de gauche en Ukraine. Du 5 au 8 juillet, la première école pour activistes politiques s’est tenue près de Simferopol, à laquelle ont assisté 30 personnes qui avaient quitté l’Ukraine.
Tâches pour le Centre de soutien aux antifascistes d’Ukraine :
- Coordination et gestion des cellules de Borotba et des organisations de gauche amies.
- Assurer des canaux de communication sûrs et faire parvenir des fonds aux antifascistes Ukraine.
- Former de nouveaux activistes politiques venant du mouvement de résistance dans le sillage des protestations anti-Maïdan. Créer un cadre solide pour les forces politiques de gauche, qui sera un élément essentiel du système politique de la nouvelle Ukraine libérée du fascisme.
- Créer un centre de presse des forces de gauche et antifascistes en Ukraine pour informer le public de la lutte sur le territoire contrôlé par les autorités de Kiev.
- Créer des supports de communication (tracts, vidéos etc.) à l’usage des forces de gauche et antifascistes en Ukraine. Gérer un vidéoblog permanent pour les forces de gauche en Ukraine, qui pourrait devenir une véritable chaîne online.
- Traduction des documents de la résistance antifasciste en langues étrangères. Permettre une prise de conscience internationale sur le combat des forces antifascistes en Ukraine. Diffuser une information précise sur la répression et les assassinats d’activistes.
- Tenir un registre des crimes et des violations des droits humains commis par le gouvernement de Kiev et les unités d’ultra-droite sous son contrôle.
- Faire le lien entre les forces de gauche en Ukraine et tout autour de la planète.
- Assurer l’évacuation des camarades ukrainiens qui risquent persécutions ou violences là où ils vivent et travaillent.
Nous, les représentants du Centre de soutien aux antifascistes d’Ukraine, faisons appel à l’aide de tous les mouvements et de toutes les organisations progressistes comme des activistes individuels. TOUTE AIDE, même la plus modeste, sera appréciée dans toute sa valeur par les exilés antifascistes ukrainiens.
http://www.workers.org/articles/2014/08/04/anti-fascist-center-launched-ukraine/
Le courant trotskyste de la Riposte, qui pratique l' »entrisme ouvert » au sein du PCF, a récemment publié un texte dans lequel nous retrouvons largement nos analyses : Thèses sur l’Ukraine
Preuve qu’au-delà des petites chapelles idéologiques, la CONCEPTION CORRECTE DU MONDE se cristallise petit à petit sous l’effet des forces de l’histoire !
Lire aussi (à titre informatif) le Manifeste du Front populaire de libération de l’Ukraine qui donne une petite idée du niveau idéologique « moyen » de l’insurrection dans le Sud-Est ukrainien.
On notera que :
1. Il est sans doute permis de déplorer qu’une organisation marxiste révolutionnaire comme Borotba ait signé cet appel aux côtés de forces aux noms aussi peu engageants que « Garde slave », qui fleurent bon l’ultra-nationalisme russo-orthodoxe « cosaque » et « blanc », CEPENDANT
2. Il est difficile de se poser en petit juge de ce genre de choses lorsque l’on ne se trouve pas et que l’on a même pas (à vrai dire) dans son champ du concevable la situation que connaissent actuellement ces militant-e-s : à quand remonte la dernière fois qu’en Hexagone, une quarantaine de personnes identifiées comme « rouges » ont été (de ce seul fait) brûlées vives dans un immeuble par des fascistes ? Depuis quand est-on arrêté (puis bien entendu sauvagement brutalisé en détention) pour des simples publications sur Internet ? Quand donc des déluges de bombes se sont-ils abattus, faisant des milliers de mort-e-s civil-e-s, sur une région ouvrière refusant d’être « restructurée » (un peu comme la Lorraine des années 1980) ? Pour se permettre de donner des leçons il faudrait déjà, pour commencer, avoir vécu ne serait-ce qu’un quart du dixième de cela ; et également admettre au préalable le principe absolu que des personnes progressistes ou révolutionnaires ont le DROIT de résister à un gouvernement tel que celui de Kiev (pour le moment et sans doute par tactique politique, les forces de « Nouvelle-Russie » mêlent allègrement imagerie soviétique et nationaliste russe et ne s’attaquent pas aux « rouges ») – cf. l’excellent article du Comité Anti-Impérialiste au sujet de la Palestine.
3. Dans un tel contexte, des forces réactionnaires comme les « cosaques », « eurasistes » ou « national-bolchéviks » et autres « panslavistes » deviennent de fait des « forces grises » intermédiaires, au même titre que les forces islamistes en Palestine : ce ne sont pas des « amis pour la vie », il faut garder sa méfiance (si une vraie question mérite d’être posée, c’est celle-là), mais elles ne sont pas pour le moment l’ennemi à combattre en priorité et peuvent même, dans certaines de leurs actions, servir objectivement le Peuple et les idées justes. Pour illustrer cela on signalera par exemple qu’à Zaporozhye, où elle est basée, la « Garde slave » a participé en février à la protection de la statue de Lénine – symbole que les nationalistes fascistes de Maïdan cherchaient à abattre avant de passer physiquement aux communistes eux-mêmes.
4. Dans un tel contexte comme en Palestine, cf. là encore l’article du Comité Anti-Impérialiste, « les idées qu’ont en tête ceux qui résistent ne constituent pas la question principale. Ce qui compte c’est ce qu’ils font. Ce qui compte, c’est leur lutte objective. C’est le point de vue du matérialisme historique comme l’a magnifiquement montré Engels dans La guerre des paysans en Allemagne. Il faut participer à cette lutte objective pour influencer le combat dans un sens progressiste ou révolutionnaire. C’est là une des grandes leçons du marxisme »… Borotba ne fait donc qu’appliquer un principe marxiste élémentaire – avec quel succès, cela seul l’avenir le dira. De fait, le texte de la déclaration est très « réformiste radical » et montre bien que ce qui est déterminant c’est la pression des masses, de leurs aspirations, et ce que telle ou telle force est OBLIGÉE de dire et faire face à cela bien plus que ce qu’elle est et pense dans son programme politique organique (il semblerait en fait que les principaux auteurs du texte soient les camarades de Borotba, la question qui se pose alors étant la sincérité des autres signataires, dont il est toujours permis de douter).