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Face au danger fasciste, la première cible à abattre c’est l’ETAT

Dans les années trente, c’est la manifestation d’une masse enragée d’individus que la crise a désavantagé et maltraité qui a soutenu le fascisme.

La haute bourgeoisie se méfiait de ces masses incultes aux idées bornées et grégaires incapables de comprendre les « valeurs » nobles et raffinées de la véritable élite. C’est ce qu’affirmaient des intellectuels tels que l’écrivain Stépahn Sweig ou l’espagnol Ortega Y Gasset.

Le fascisme est arrivé d’en bas. C’est un surgissement du même type qui se développe aujourd’hui.

C’est la conséquence de la crise qui fait dégringoler de l’échelle sociale, des millions d’individus.

La hausse de la productivité du fait de l’automatisation croissante des tâches, la banalisation des savoir-faire techniques (ou existence d’alternatives meilleures marché à l’étranger), détruit le salariat.

Le capital ne peut aujourd’hui salarier qu’avec d’énormes difficultés.

La robotisation dans les usines, une deuxième vague liée à l’informatisation, la troisième vague liée aux nouveaux modes de commercialisation qui est en cours, les automates de ventes, aujourd’hui, Internet et la digitalisation des services transforment la distribution en une activité essentiellement logistique.

De plus, c’est en grande partie un type d’emploi fortement féminisé qui subit de plein fouet ces transformations, c’est en partie ce que retrace l’inflexion du taux d’activité, la montée du temps partiel et du taux de chômage des femmes. Ce deuxième revenu était la condition indispensable au passage dans la classe moyenne pour nombre de foyers, sa réduction ou sa possible disparition est une épée de Damoclès pour nombre de ménages.

Dans le même temps, les études n’offrent plus un accès garanti à un meilleur revenu. Les études se banalisent, il y a aujourd’hui pléthore d’étudiants ayant plusieurs années d’études universitaires qui subissent une triple pression. Pression liée à la concurrence entre étudiants, pression liée à la concurrence avec des pays émergents qui offrent le même niveau de qualification à des prix moindres, pression liée à l’apparition d’algorithmes sophistiqués qui permettent l’informatisation de fonctions autrefois dévolues à l’encadrement et aux agents de maîtrise.

Cette situation se traduit par une dégradation lente de la situation. Les enfants des classes moyennes n’arrivent plus à franchir le pas vers le niveau supérieur ni même à se maintenir au même niveau, les salaires à l’embauche et les perspectives de carrières ne sont plus à la hauteur des attentes suscitées.

Alors cette classe en panne d’ascenseur social, attisé par d’habiles démagogues, désigne les responsables : les politiciens pourris, les étrangers, les rouges fauteurs de troubles.

Comme ils ne voient pas les causes de la crise, ils ne font que constater avec juste raison, l’approfondissement de la crise du capitalisme et la montée d’une idéologie fascisante et des comportements qui en découlent.

Ils ne savent pas pourquoi cette crise engendre précisément cette idéologie car ce serait remettre en cause l’idéologie de l’Etat et de la Nation qu’ils ont eux-mêmes répandue, et continue à répandre.

L’idée de Nation nourrit celle de l’Etat tout puissant

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Depuis trois siècles les idéologues bourgeois affirment l’idée de la Nation comme une communauté d’individus qui s’associent volontairement par le moyen de l’Etat alors qu’elle n’est qu’une communauté imaginée (1). En réalité c’est la division des intérêts privés et concurrents ainsi que les antagonismes de classe qui dominent.

Deux types d’idéologies existent pour justifier la Nation :

  • celle de la nation « ethnique » dite  naturelle »fondée sur le sang, la « race ».
  • celle de la nation « citoyenne » (association construite sur l’histoire, la volonté, le projet commun). En termes juridiques : le droit du sang et le droit du sol.

L’Etat n’unit les individus que parce qu’il les domine et les contraint.

Ceux-ci sont enrôlés dans le « patriotisme » dans une lutte et la guerre contre les autres au profit des dominants que l’Etat organise et impose.

L’Etat-providence a fait long feu.

La bourgeoisie leur a fait croire pendant longtemps que l’Etat existait pour leur bien-être,

En réalité il ne grossit, envahit jusqu’à la vie privée des gens, que pour faire croître la puissance du capital dit national.

Les velléités d’indépendance des Etats les plus petits sont liées à la nécessité de livrer aux plus puissants (aux plus offrants) les ressources du pays afin d’en tirer quelques miettes.

Comme l’impérialisme est le moyen que se donne les Etats du Centre pour accroître les débouchés, de développer les approvisionnements au détriment des Etats de la périphérie (2) ce sont les tendances totalitaires inhérentes à l’accumulation du capital qui prennent la forme du fascisme.

Une Europe fascisante

Avec le rejet de l’élite bourgeoise traditionnelle (le malheureux Hollande et sa bande d’acolytes font les frais des dernières consultations électorales) et de l’alternance droite-gauche, on exige un « grand coup de balai » et que s’en aillent de la tête de l’Etat tous ces incapables…

Le Pen s’appuie sur ce ramassis de mécontents, pleins de peurs (de la crise, des immigrés, des voleurs, des révolutionnaires, des homosexuels…) qui s’imaginent que c’est simplement parce que l’Etat est aux mains de politiciens immoraux et corrompus qui défendent la finance mondiale et la bureaucratie européenne que cet Etat les abandonne et ne les défend pas.

Il leur faut donc partir en guerre contre tous ces « apatrides », cosmopolites et étrangers envahissants qui profitent de vos acquis sociaux. Plus la société se désagrège (ce qui est toujours le cas en temps de crise) et plus l’imaginaire réside dans la Nation (son capital national) et de son bras armé : l’Etat.

Un Etat puissant est capable d’unir le peuple pour le bien commun, au lieu de la dispute actuelle. Il développe l’ordre et l’efficacité au lieu de la gabegie, l’honnêteté au lieu des turpitudes, la volonté au lieu de l’abandon et la puissance au lieu de l’impuissance, la victoire au lieu des défaites.

La croissance des partis fascistes en Europe montre bien que l’expérience de la seconde guerre mondiale n’avait pas détruit l’idéologie illusoire et catastrophique du fascisme. L’appel de le Pen au protectionnisme est un des aspects de cette idéologie réactionnaire (au sens propre puisque le capitalisme actuel tire l’essentiel de sa survie de la mondialisation).

L’idéologie destructrice de Le Pen

Le FN cherche à conquérir une base populaire élargie. IL continue à stigmatiser les immigrés au nom de la défense de la laïcité, ce qui le rend plus progressiste.

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Il présente son ultranationalisme comme le moyen du progrès social et une critique des gros capitalistes mondialisés. Il évoque une éventuelle nationalisation des entreprises « stratégiques », il parle de moduler le taux de l’impôt sur les sociétés suivant la destination des bénéfices, il propose de fusionner la CSG avec l’impôt sur le revenu afin de la rendre proportionnelle à ceux-ci.

Le vieil ennemi est toujours l’Allemagne accusée de dominer l’Europe. Le FN propose de sortir de l’euro pour y échapper et dénonce bruyamment les politiciens de « l’UMPS » qui se partagent le gâteau de l’Etat en alternance.

Tout cela est un discours populaire semblable à celui des fascistes italiens et allemands avant de tourner casaque une fois au pouvoir.

Or ce type de discours est encore plus irrationnel aujourd’hui du fait de la situation bien différente du capitalisme entièrement mondialisé où les entreprises françaises ne sont que des maillons étroitement spécialisées d’une chaîne de valorisation mondiale où 1/3 environ de la consommation provient de l’extérieur.

Le programme du FN et ses répercussions s’il était appliqué

Il conduirait à une aggravation considérable de la crise et de la misère des masses. Ainsi, Mme Le Pen prévoit elle-même que le seul retour au franc entraînerait une dévaluation de 25% (un minimum en fait) par rapport à l’euro et donc une hausse de 25% des prix des produits devant être importés (ce qui constituerait une facture d’environ 672 milliards d’euros, 1/3 du PIB, dont 46 milliards rien que pour l’énergie).

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Les exportations censées être favorisées par cette dévaluation, ne combleraient pas ce trou puisqu’elles seraient au contraire freinées par des mesures protectionnistes de rétorsion.

Le capital financier imposerait toujours sa force en faisant exploser les taux d’intérêts de la dette maintenant libellée en franc, devenu pour lui une monnaie de singe.

Le service de cette dette immense deviendrait le fardeau encore bien plus insupportable qu’aujourd’hui, d’où de violents conflits de tous ordres, internes s’il était question de le faire supporter par le peuple, et externes, l’ultranationalisme poussant toujours face aux problèmes à affronter l’étranger.

Le capitalisme, c’est TOUJOURS la GUERRE !

Et c’est toujours la BARBARIE !

Mais, même si le capital, aujourd’hui mondialisé (et non plus scindé comme autrefois en autant d’unités territoriales qu’il existaient de nations) a encore beaucoup moins d’intérêt au fascisme qu’il y a un siècle, même s’il ne contribuera pas dans la même mesure qu’alors à porter Mme Le Pen au pouvoir, il n’en n’est pas moins très possible que se produise une évolution du totalitarisme d’apparence démocratique vers une forme exacerbée, d’un totalitarisme de type fasciste.

Il n’est que le résultat du mouvement de production capitaliste et des rapports sociaux qui en découlent.

 Le mouvement communiste détruira les rapports capitalistes privés d’appropriation

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La destruction de l’Etat par les forces révolutionnaire est la première étape d’un long processus d’appropriation social de toutes les conditions de la production de la vie des individus.

Elles utiliseront bien sûr ce que le capitalisme a légué, son potentiel mais détruiront en même temps les simples relations égoïstes liées à l’argent, à la concurrence et tout ce qui peut porter atteinte à l’équilibre naturel car notre Terre est en danger du fait de la production capitaliste.

Le communisme n’est pas l’envers du capitalisme (comme le suggère les membres du PCF et du FG voire de l’extrême gauche) car l’endroit et l’envers sont les deux faces d’une même chose.

Il est construction d’un tout autre système de besoins, d’activités, de comportements, d’échanges, fondé sur des rapports sociaux d’appropriation des conditions de leurs vies par les individus et pouvant alors s’associer vraiment.

Avant de pouvoir démolir les fondations, il faut le faire des superstructures. Dans le capitalisme la superstructure c’est l’Etat.

Les prolétaires ont pour objectif stratégique premier de le détruire pour pouvoir se doter eux-mêmes des pouvoirs qui leur permettent d’abolir le capital.

Il s’agira pour cela de bien tracer une ligne de démarcation entre ceux qui veulent aménager le capitalisme et ceux qui veulent le combattre pour l’abolir.

Comme il n’y a plus d’espoir aujourd’hui d’améliorer quoi que ce soit de la vie des prolétaires, que l’illusion réformiste se désagrège, la voie est libre pour ceux qui se tourneront vers une lutte frontale avec le pouvoir bourgeois et le renverser.

Nous y contribuerons pour notre part au sein du mouvement communiste qui se cherche encore une stratégie véritablement révolutionnaire.

Le bureau de l’Association des Amis du Manifeste                                                             septembre 2014

 

  1. « Pris individuellement, le bourgeois lutte contre les autres, mais en tant que classe, les bourgeois ont un intérêt commun, et cette solidarité, que l’on voit se tourner au-dedans contre le prolétariat, se tourne au-dehors contre les bourgeois des autres nations . C’est ce que les bourgeois appelle la nationalité. » (Karl Marx, « A propos du système national de l’économie politique de F.List, éd. Pléiade…), Le prolétaire se donne aussi cette nationalité quand il croît que plus son capital prospère et plus il en aura des miettes.

  1. C’est l ‘éclatement des Etats centralisateurs en une myriade de petits Etats (cf les derniers en date : l’Ecosse et la Catalogne) tous mis en concurrence qui devient nécessaire au capital pour exploiter toujours plus les prolétaires et accroître la concurrence entre eux avec les risques de guerres et les nouvelles destructions que cette lutte entre capitalistes entraîne.

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Ni Ukrainien, ni Russe !

Développons notre propre camp, le troisième camp,

celui de la révolution sociale !

 

Nous relayons ce texte du site « Guerre de Classe » dont nous partageons l’analyse sur la situation actuelle en Ukraine.

Il donne aussi d’importantes informations sur les mobilisations populaires anti-guerre et le combat contre les nationalistes de tous bords qui visent aujourd’hui à fragmenter le pays pour le compte des puissances impérialistes qui se font face.

Les prolétaires d’Ukraine n’ont aucun intérêts dans ce conflit, si ce n’est de s’emparer eux-mêmes des armes pour ce débarrasser des capitalistes Russes ou Ukrainiens qui les oppriment.

 http://www.autistici.org/tridnivalka/ni-ukrainien-ni-russe/

« Lorsque nous avons écrit, il y a quelques mois dans notre texte « Préparatifs de guerre entre l’Ukraine et la Russie – Show ou réalité ? »1) que les conditions d’une nouvelle guerre mûrissaient en Ukraine, beaucoup de camarades ont exprimé des doutes ou même des désaccords avec une telle affirmation catégorique. Maintenant nous pouvons affirmer que le conflit en Ukraine a clairement permuté de la phase « froide » à la phase « chaude » et que ce à quoi nous assistons actuellement dans l’est du pays, c’est la guerre sous toutes ses définitions. De Lougansk à la frontière avec la Russie jusque Marioupol sur la côte de la mer Noire, ce sont deux forces militaires qui se mesurent dans des affrontements quotidiens en essayant d’étendre la zone sous leur contrôle, ils se battent au sol ainsi que dans les airs, à la campagne ainsi que dans les centres industriels, l’artillerie fait pleuvoir des obus sur des villages, l’aviation bombarde des villes (sous le prétexte que leurs ennemis utilisent les habitants comme boucliers humains), des hommes, des femmes, des enfants meurent sous les bombes et les missiles… En quatre mois de conflit armé, plus de 2.000 civils et militaires sont morts et 6.000 autres ont été blessés ; 117.000 prolétaires ont été déplacés dans le pays et 730.000 autres ont trouvé refuge en Russie. Au moment de boucler cet article, les cadavres jonchent les rues de Donetsk, pris dans l’étau de l’offensive gouvernementale.

Dans le même texte, nous avons aussi écrit que la seule réponse du prolétariat à la guerre, c’est d’organiser et de développer le défaitisme révolutionnaire, c’est-à-dire, de refuser dans la pratique de rejoindre l’un ou l’autre camp, mais au contraire d’établir des liens entre prolétaires des deux côtés du conflit à travers la lutte contre les deux bourgeoisies. Et même sur ce terrain, les choses se sont développées, notre texte mérite dès lors (trois mois après sa publication) un post-scriptum.

Ce texte est basé sur des informations puisées à différentes sources (que nous citons en notes), des blogs militants comme des médias officiels. Cette courte description des événements en Ukraine nous a demandé des heures d’un travail prudent, de collecte d’informations, de lecture de textes, de vision de vidéos, de comparaison de différentes données, etc. Nous voudrions souligner deux choses : primo, le fait que les événements que nous décrivons ici ne furent pas couverts par France Télévision ou Euronews ne signifie pas qu’ils n’ont pas eu lieu, que nous les ayons inventés (diverses sources gauchistes mais aussi les médias ukrainiens et russes les ont décrits). Secundo, il est clair que les informations que nous avons obtenues d’Ukraine sont chaotiques, incomplètes et parfois contradictoires. Cependant, cela ne signifie pas que nous devrions abandonner notre tentative de saisir ce qui se passe là-bas. Nous sommes persuadés que nous devons opposer aux informations sélectives de l’État la position critique et radicale du mouvement anticapitaliste ; nous devons développer et partager les informations et les analyses qui comprennent le monde à travers le prisme de la perspective de le révolutionner.

***

L’idéologie guerrière (qu’elle soit basée sur la défense d’un état national uni ou sur le droit à l’autodétermination des sympathisants pro-russes) plonge ses racines en Ukraine, les organisations de la société civile organisent des campagnes de collecte de fonds pour supporter l’armée, les popes bénissent les armes d’un camp ou de l’autre, et la télévision diffuse des scènes de babouchkas qui fournissent aux hommes armés leur dernier pot de compote. Tous les prolétaires cependant ne se soumettent pas au lavage de cerveau de la propagande guerrière provenant de l’un ou de l’autre camp, pas tous ne veulent se sacrifier « pour leur patrie ». Des expressions du refus pratique des massacres guerriers apparaissent toujours plus fréquemment et les deux camps du conflit ont de grandes difficultés pour recruter de nouveaux effectifs pour leur massacre mutuel.

Des milliers de soldats de l’armée ukrainienne, que le gouvernement a envoyés dans les soi-disant opérations antiterroristes dans l’est du pays, ont déserté ou changé de camp avec tout leur matériel, y compris des tanks et des véhicules blindés. À titre d’exemple, la 25ème brigade aéroportée ukrainienne (troupe d’élite par excellence), dont les hommes sont accusés « d’avoir fait preuve de lâcheté » lors des combats à Kramatorsk, sera dissoute sur instruction présidentielle le 17 avril après avoir fait part de son refus de « combattre d’autres Ukrainiens ».2) Tout récemment, ce sont 400 soldats d’une même unité qui ont déserté et se sont réfugiés du côté russe de la frontière après s’être retrouvés sous un feu nourri et sans munitions. Ces soldats qui seront, comme la Russie l’a déjà annoncé, extradés vers le territoire ukrainien, ont déclaré qu’ils préfèrent être accusés de désertion plutôt que de continuer à tuer et être tués sur le front oriental. Tous ces déserteurs déclarent qu’ils ne veulent pas se battre contre « leur propre peuple » et ils dénoncent aussi leurs conditions de vie désespérées auxquelles ils doivent faire face dans l’armée – solde minable, nourriture dégueulasse, ou même manque de nourriture, etc. D’autres unités n’ont même pas été déployées dans l’Est pour leur manque de fiabilité. De la même façon que le précédent président Ianoukovitch ne put les utiliser pour réprimer les manifestants, pas plus l’actuel gouvernement n’ose envoyer au combat des troupes connues pour leur loyauté minimale.

Environ un millier de soldats d’unités de la région de Volhynia se sont mutinés à Mykolayiv le 29 mai. Les soldats du 3ème bataillon de la 51ème brigade ont refusé d’être envoyés au front, ils ont refusé les ordres de leurs supérieurs et ils ont commencé à décharger leurs équipements lourds et d’autres matériels déjà prêts pour le transport. Après que leur unité ait subi de lourdes pertes lors d’une confrontation avec les séparatistes près du village de Volnovakha, on leur avait promis de retourner dans leur casernement permanent à Rivne. Au lieu de cela, ils furent déplacés de l’Est vers le Sud, puis retour à la case départ, de telle sorte qu’on put finalement leur annoncer qu’ils vont continuer leur entraînement avant d’être renvoyés au front. « Ayant perdu toute confiance dans leurs généraux à la lumière des derniers événements à Volnovakha et durant les funérailles à Rivne, ainsi qu’à cause de la trahison de leurs généraux, les soldats ont entamé une rébellion ouverte. »3)

Le 2ème bataillon de la 51ème brigade, qui se trouvait dans la caserne de Rivne au même moment et qui fut le témoin des funérailles des soldats du 3ème bataillon tués dans la fusillade de Volnovakha ainsi que de la direction chaotique et mensongère des opérations, ce bataillon se mutina également. « Les généraux nous disaient ‘allez au Nord’ puis ‘allez au Sud’ au point que les soldats sont prêts à leur tirer dessus. Les généraux ont commencé à porter des gilets pare-balles de peur des fragging ! »4) Environ 1.200 soldats ont participé à la mutinerie, ils ont refusé d’être transférés à Mykolayiv. « Ils nous ont promis, lorsqu’ils nous ont mobilisé, que nous garderions la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie. Nous sommes prêts à le faire, mais pas à foncer sur ces clowns du Donbass. »5)

Une rébellion semblable a aussi éclaté à Poltava.

Quatre jours plus tôt, après que six soldats originaires de la région de Volhynia ne soient tués, des mères, des femmes et des parents de soldats de la 51ème brigade ont bloqué les routes dans la région de Volhinya pour protester contre la poursuite du déploiement de l’unité dans le Donbass.6)

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Des manifestations et des protestations organisées par des femmes et d’autres parents de conscrits demandant le retour à la maison des soldats ou essayant de bloquer leur départ au front se sont étendues pendant ce temps à autres régions de l’Ukraine (Bucovine, Lviv, Kherson, Melitopol, Volhynia, etc.). Les familles des soldats bloquaient les routes avec des arbres abattus dans la région de Lviv au début de juin.7) Une manifestation de parents a bloqué l’entrée du bureau de recrutement militaire à Lviv quelques jours plus tard.8) A Iavorivo (région de Lviv), des membres d’une famille ont occupé un terrain d’exercice de la 24ème brigade mécanisée et ils ont exigé la suppression du départ vers la ligne de front.9) Des manifestations de parents à Dnipropetrovsk et Kharkov ont exigé le retour des soldats dans les casernes de leurs régions natales.10) Des femmes de Kharkov ont occupé l’aéroport militaire local. Le bureau de recrutement militaire local à Kherson a été occupé par des mères et des femmes de soldats. Elles ont appelé à la fin de la guerre avec des slogans comme : « Femmes contre la guerre », « Où les fils des oligarques font-ils leur service ? » ou « Nos enfants ne sont pas de la chair à canon ».11) A Tchernivtsi, des femmes ont bloqué l’autoroute vers Jitomir pour plusieurs jours et elles ont réclamé le retour à la maison des soldats.12) Le 24 juin, des parents ont établi un barrage au kilomètre 125 de l’autoroute Kiev–Tchop, ils portaient des bannières disant : « Ramenez nos enfants, envoyez à l’est les enfants de généraux. »13) Le 8 juin, un groupe de 100 parents de soldats ont bloqué les troupes de la 3033ème unité militaire basée à Melitopol, dans la région de Zaporojie. La protestation a réussi à empêcher les soldats d’être envoyés au front. Les parents impliqués dans le mouvement de contestation ont aussi protesté contre la propagande étatique qui les décrit comme des « séparatistes prorusses » : « Hier les nouvelles ont dit que ‘des séparatistes prorusses ont organisé un blocus de l’unité militaire’. Mais il n’y avait aucune mention de la Russie à la porte d’entrée de l’unité militaire ! Nous ne voulons juste pas perdre nos soutiens de famille. (…). Donetsk est un massacre, et nos enfants ont 20-21 ans. (…) Vous nous voyez, nous sommes des mères ! Comment pouvez-vous nous appeler des séparatistes ? », déclarait une des participantes.14) Des mères et des femmes de soldats ont protesté contre leur envoi au front en face de la base militaire de Ternopil le 15 juillet.15)

Et ce n’est pas la première fois que les familles de soldats s’affrontent à une action militaire. Pendant la période dont le résultat fut finalement la chute du précédent président Ianoukovitch, des parents et d’autres personnes ont organisé des réunions devant les casernes, ils ont discuté avec les soldats afin de leur apporter des informations sur ce qui se passait vraiment dans les rues et pour les persuader de refuser de participer à une répression potentielle contre les manifestants.

Pendant ce temps, de nouveaux hommes continuent d’être enrôlés dans l’armée. Même s’ils doivent être recrutés sur la base d’une carte militaire obligatoire, le gouvernement les fait passer pour des volontaires. « Nous ne sommes pas des volontaires (…) nous ne voulons pas tuer des gens (…) nous n’irons pas n’importe où, nous enlèverons nos uniformes et nous rentrerons chez nous », ont proclamé des conscrits lors d’un rassemblement de protestation à Lviv.16)

Après l’entrée en vigueur du décret présidentiel de Porochenko à propos de la troisième vague de mobilisation dans les forces militaires le 24 juillet, dont la conséquence est l’envoi de davantage de milliers de prolétaires au front, des troubles ont éclaté dans différents endroits en Ukraine de l’ouest avec une force accrue : dans le village de Voloka, toute la population a résisté à la conscription de 50 hommes. « Ils ont commencé, qu’ils résolvent eux-mêmes (leurs problèmes). Nous mourrons mais nous ne donnerons pas nos enfants. Ils doivent le comprendre et ne pas venir ici avec leurs ordres de mobilisation », déclarent un vieux manifestant.17) Des parents de soldats ont bloqué une route près du village de Korovia le 25 juillet exigeant la fin de la mobilisation et que les fils des autorités publiques soient envoyés au front à leur place.18) Le même jour, une route dans le district d’Oboukhivs’kyi, près de Kiev, fut également bloquée par des familles de soldats. Les blocages continuaient de plus belle le 28 juillet dans au moins sept villages dans la région de la Bucovine et l’autoroute Kiev-Tchop fut également bloquée, une fois de plus. Lors d’une manifestation anti-guerre en face d’un bureau de recrutement à Novoselytsa, des protestataires ont molesté un membre du conseil municipal qui essayait de leur parler.19) Des habitants de plusieurs villages de la région d’Ivano-Frankivsk sont entrés de force dans les bureaux de l’administration militaire locale le 22 juillet et ont allumé un feu de joie avec les ordres de mobilisation et d’autres documents concernant la mobilisation. La même chose eu lieu le même jour à Bogorodchany.20) Dans différent villages, les gens ont massivement brûlé leurs documents de conscription distribués par la poste.21) A Moukatchevo, en Transcarpathie, la situation s’est aggravée à tel point que le commandement militaire local qui s’inquiétait de la continuation des protestations a, pour l’instant, suspendu la mobilisation et a promis qu’aucun des habitants du coin ne sera envoyé au front dans un futur proche.22) D’autres mobilisations militantes contre la guerre ont encore eu lieu dans la région de Zaporojie le 4 août ainsi que devant le parlement à Kiev le lendemain.23)

Kiev, qui ne peut actuellement compter qu’à peine sur son armée régulière, dépend par conséquent des armées privées de quelques oligarques et de la Garde Nationale, une milice de volontaires principalement formée de nationalistes du Pravyi Sektor (Secteur droit) et du parti Svoboda (Liberté) pendant le mouvement de protestation contre Ianoukovitch. Les nouvelles unités de la Garde Nationale ne sont pas spécialement formées pour les actions militaires, mais principalement pour réprimer les protestations de masse et les émeutes, comme cela a été révélé lors de leur parade à Kiev à la fin de juin. D’ailleurs, des centaines de fascistes de l’Assemblée National-socialiste et les Patriotes Ukrainiens avaient déjà attaqué en juin une manifestation contre l’opération anti-terroriste qui avait lieu à Kiev.

Néanmoins, les membres de la Garde Nationale ne sont pas non plus en dehors des contradictions qui secouent les deux camps. Radio Europe Libre a récemment publié une vidéo 24) qui montre un soldat de la Garde Nationale qui reproche au gouvernement de n’être pas capable de fournir assez de nourriture, d’eau et d’armes aux volontaires : « Nous sommes utilisés comme de la chair à canon » affirme-t-il. Les conditions matérielles rattrapent ici même ceux qui pensent qu’ils sont idéologiquement au-dessus d’elles.

Des mercenaires provenant du monde entier se battent aussi dans le camp de Kiev, ils ont été embauchés pour le gouvernement par des agences privées (il s’agirait de troupes mercenaires de Pologne, de la République tchèque, de l’ex-Yougoslavie, mais aussi de la région d’Afrique équatoriale).

Le recrutement de nouveaux combattants n’avance pas selon le souhait des seigneurs de guerre locaux, et dans le camp des séparatistes non plus. La majorité des mineurs de la région du Donbass refuse toujours de rejoindre leur camp. Au lieu de cela, ils forment des unités d’autodéfense qui se positionnent contre les séparatistes et les troupes du gouvernement. Une de ces unités s’est affrontée aux séparatistes et les a empêchés de faire sauter une mine dans le village de Makiivka. A Krasnodon, dans la région de Lougansk, les mineurs ont organisé en mai une grève générale et ils ont pris le contrôle de la ville. Ils ont ouvertement refusé de se joindre tant au camp des séparatistes « anti-Maïdan » à Lougansk que le camp des oligarques du Maïdan à Kiev, et ils ont plutôt exigé l’augmentation de leurs salaires ainsi que l’arrêt de l’embauche de main-d’œuvre pour la mine par des agences privées.25)

Les mineurs de six mines dans le bassin du Donbass ont déclenché une grève à la fin du mois de mai pour demander la fin de l’opération anti-terroriste dans l’est du pays et le retrait des troupes.26) Leur action fut le résultat de leur propre initiative et n’a pas été imposée en aucune façon par des hommes armés de la République Populaire de Donetsk, d’après certains médias. Selon les grévistes, la guerre représente un danger pour l’existence même des mines et provoque le chômage. « Le lundi 26 mai, lorsque l’armée ukrainienne a commencé le bombardement des villes, les mineurs ne sont tout simplement pas retournés au boulot, parce que le ‘facteur externe’ des hostilités, ayant lieu presque au pas de leur porte, a sérieusement augmenté le risque d’accidents du travail dans leur entreprise. Par exemple, si jamais une bombe avait frappé la sous-station électrique, les mineurs auraient été pris au piège sous terre, ce qui aurait inévitablement signifié pour eux la mort. »27) La grève fut déclenchée par quelque 150 mineurs de la mine Oktiabrski et elle s’est étendue comme une réaction en chaîne à d’autres fosses de Donetsk (Skochinskiy, Abakumov, « Trudovskaya », etc.), mais aussi à des mines d’autres villes, en particulier Ougledar (« Yuzhnodonbasskaya n°3 »). Dans les mines dont le propriétaire est Rinat Achmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine et qui possède un empire industriel contrôlant économiquement presque toute la partie orientale du pays, les travailleurs ont été forcés de continuer à travailler, ils ont continué à descendre dans la fosse, malgré le bombardement du voisinage proche. A l’initiative des mineurs de la mine Oktiabrski également (et à nouveau sans aucun soutien de la République Populaire de Donetsk), une manifestation anti-guerre de plusieurs milliers de participants a été organisée le 28 mai.28) Le 18 juin, plusieurs milliers de mineurs ont à nouveau manifesté dans le centre de Donetsk pour la fin immédiate des opérations militaires. Les participants ont fait valoir qu’ils ne sont pas séparatistes, mais des gens ordinaires du Donbass. Ils ont également déclaré que si le gouvernement de Kiev ne répondait pas à leurs revendications, ils prendraient les armes.

Les séparatistes ainsi que les oligarques locaux pro-Kiev tentent de manipuler et d’interpréter ces assemblées chaotiques et contradictoires en fonction de leurs propres intérêts. Rinat Achmetov, l’oligarque de Donetsk, a donc organisé sa propre « grève » pour l’Ukraine unie, les séparatistes pour leur part essayent de faire passer les manifestations de mineurs comme une expression d’une position pro-russe des travailleurs du Donbass.

Malgré les consignes nationalistes ou séparatistes qui apparaissent dans les manifestations de mineurs, les travailleurs ne sont pas très désireux de rejoindre la Milice Populaire du Donbass. Un des commandants séparatistes, Igor Girkin, s’est récemment plaint en public de ce que les populations locales prennent les armes de son arsenal, mais au lieu de se mettre au service des milices séparatistes, ils les ramènent chez eux pour protéger leurs familles et leurs villages contre les deux camps du conflit.29) Les séparatistes continuent donc de compter sur les gangs criminels locaux qui (après avoir été payés) leur ont permis de prendre le contrôle de bâtiments publics, de postes de police, de dépôts d’armes, de grandes artères et de moyens de communication dans la région de Donetsk et de Lougansk. La majorité des forces séparatistes est néanmoins faite de mercenaires provenant de l’autre côté de la frontière (russe), en particulier les anciens combattants des guerres en Tchétchénie.

Si le mouvement anti-guerre réel, le mouvement du défaitisme révolutionnaire, veut réussir, il doit devenir non seulement massif et généralisé, mais il doit aussi s’organiser, se structurer. Nous n’avons que peu d’informations sur les structures organisationnelles du mouvement en Ukraine. Nous pouvons conclure à l’existence de certaines structures à partir des événements eux-mêmes (des manifestations ou des grèves répétées de plusieurs milliers de personnes ne peuvent pas être le résultat d’une explosion spontanée de colère, de la même façon que les protestations des parents de soldats, comme nous les avons décrites ci-dessus, exigent un certain niveau de coordination, une collaboration organisée sur le plan du contenu et de la pratique), l’existence d’autres structures formelles ou informelles est confirmée par des informations incomplètes que nous avons obtenues sur le terrain. Certaines associations déjà existantes se sont transformées en cadres de centralisation des activités anti-guerre – par exemple la Communauté des parents de la région de Donetsk « Kroha »30), qui a publié un appel à la population le 10 juin, tout limité, contradictoire et pacifiste qu’il puisse être : « Nous, les parents de la région de Donetsk, en appelons à vous, politiciens, personnalités publiques et personnes intéressées. Aidez-nous à sauver les gens de Slaviansk, Krasnyi Liman, Kramatorsk, arrêtez les opérations militaires. Nous avons besoin de votre aide pour faire comprendre la vérité sur ce qui se passe dans ces villes. Depuis plusieurs semaines, les gens vivent sous les tirs d’artillerie incessants. Les civils meurent constamment. Certains enfants ont été blessés, la mort de trois enfants est confirmée. Des maisons, des hôpitaux, des crèches et des écoles sont en train de s’effondrer. Les gens, y compris des enfants, vivent dans un état permanent de stress, en se cachant dans les sous-sols pendant plusieurs heures des attaques qui ne s’arrêtent presque jamais. (…) Nous demandons votre aide pour sauver la vie de ces personnes et pour l’arrêt des actions militaires. »31) Une autre association, les Mères du Donbass, affirme dans sa déclaration : « Nous voulons juste vivre ! Nous, des gens ordinaires : maris et femmes, parents et enfants, frères et sœurs. Nous, des civils pacifiques, nous sommes les otages du conflit dans notre région, les victimes des affrontements militaires. Nous sommes fatigués de la peur et aspirons à la paix. Nous voulons vivre dans nos maisons, marcher dans les rues de nos villes, travailler dans les entreprises et organisations de notre région, et cultiver notre terre. (…) Nous, les mères du Donbass, nous insistons pour que soit mis un terme immédiat à l’opération anti-terroriste et aux actions militaires dans notre région ! (…) Nous sommes sûres que le conflit dans notre pays peut être résolu pacifiquement ! Arrêtez la guerre ! Évitez le décès des enfants ! Sauvez le peuple du Donbass ! »32) La Voix d’Odessa a organisé une manifestation contre la guerre le 13 juillet à Odessa. Les participants criaient des slogans comme « Nous sommes contre la guerre ! », « Arrêtez l’opération antiterroriste à l’Est ! » ou « Nous voulons la paix ! » Pendant cette flash-mob, d’effrayants enregistrements audio de tirs d’artillerie et d’impact sur des civils étaient diffusés.33) A Kharkov, des associations anti-guerre locales (entre autre le Mouvement des Femmes de Kharkov « Kharkivianka ») ont organisé le 20 juin une manifestation en face de l’usine de chars VA Malyshev. Cette usine a reçu une commande de 400 véhicules blindés pour être envoyés au front. Les manifestants ont exigé l’annulation de la commande et ont scandé des slogans comme « Non à la guerre » ou « Arrêtez le massacre insensé ! »34)

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Pendant ce temps, la situation économique et sociale dans toute l’Ukraine s’empire. La dévaluation de la monnaie locale, l’augmentation des prix des produits de base, des transports et des services ainsi que la réduction de la production dans de nombreuses entreprises conduisent à une forte baisse des salaires réels estimés entre 30 et 50% de perte. Le gouvernement de Kiev, sous la pression des institutions financières internationales, doit adopter une série de mesures d’austérité qui va encore aggraver les conditions de vie du prolétariat, et dans le même temps, il prépare la plus grande vague de privatisation depuis 20 ans. Le gouvernement central a cessé depuis mai le paiement des salaires des employés de l’État, des prestations sociales et des pensions dans les territoires qui ne sont pas sous son contrôle, des milliers de travailleurs sont donc sans revenus. La situation dans les régions où des opérations militaires ont lieu est encore pire – les fournitures d’électricité et d’eau sont interrompues, les médicaments et la nourriture sont rares.

Des troubles sociaux précipités par cette situation apparaissent depuis un certain temps. Outre les grèves de mineurs dans la partie orientale du pays, les prolétaires dans les régions de l’ouest commencent aussi à en avoir assez. Les mineurs de Krivoy Rog ont entamé une grève illimitée générale en mai exigeant le doublement de leurs salaires. Ils ont commencé à organiser des milices armées d’autodéfense. Dans leur déclaration adressée aux travailleurs de toute l’Europe, ils décrivent les oligarques russes et ukrainiens, dans quelque camp qu’ils soient (séparatiste ou celui de Kiev), comme la raison principale de la crise : « Nous nous adressons à vous en vous demandant de soutenir notre lutte contre les oligarques, qui ont provoqué la crise actuelle en Ukraine et qui continuent à la déstabiliser davantage, menaçant de provoquer une guerre fratricide en Ukraine qui sans aucun doute aura des conséquences catastrophiques pour toute l’Europe. »35)

Plusieurs manifestations pour « des conditions de vie décentes », contre l’augmentation des prix et pour l’augmentation des salaires et des pensions ont eu lieu dans différentes villes dans tout le pays. (Une série d’actions contre l’augmentation des prix des logements et des tarifs des services publics ont eu lieu à Kiev à la fin de juin et en juillet. Le 1er juillet, une manifestation contre l’augmentation des prix s’est déroulée à Kharkov. La plus importante protestation pour le moment a eu lieu à Kiev le 24 juillet avec des slogans comme « Réduisez les revenus des oligarques, pas ceux du peuple » et « Ne volez pas les citoyens ordinaires ».)36)

Début août, le dernier carré de résistants qui continuaient d’occuper la place Maïdan à Kiev (« parce que rien n’a changé ! ») est attaqué par deux bataillons de la Garde Nationale dans le but de les évacuer. Ils agissent sur ordre du nouveau maire de Kiev, Vitali Klitchko, ce qui démontre une fois de plus que la parole d’un politicien bourgeois (en début d’année, il avait demandé aux occupants de ne pas évacuer la place « tant qu’aucun véritable changement n’ait lieu en Ukraine ») n’engage que ceux qui y croient… De violents affrontements ont néanmoins éclaté lors de l’évacuation, ce dont la presse bourgeoise internationale s’est une fois de plus bien abstenu d’évoquer, tant il est vrai que le gouvernement de Kiev est l’allié occidental et « l’horreur ultime » ne peut être incarnée que par les séparatistes de l’est et la Russie.

La République Populaire de Donetsk tente de restreindre le mouvement des mineurs qui se soucient plus de leurs intérêts matériels que de toute idéologie, tout en jonglant entre les revendications des grévistes à qui on avait promis la nationalisation des complexes industriels et les intérêts des oligarques à qui on avait promis l’inviolabilité de la propriété privée.

Le mouvement anti-guerre, même s’il est pour le moment limité tant dans l’espace que dans le contenu, les grèves et manifestations ouvrières organisées non pas pour une idéologie mais pour les intérêts matériels du prolétariat dans les deux camps, tout cela confirme ce que nous écrivions dans notre texte précédent : « (…) le déclenchement de la guerre impérialiste (…) ne signifie pas nécessairement l’écrasement définitif du prolétariat. En effet, historiquement, si la guerre signifie dans le premier temps un relatif écrasement, elle peut ensuite dialectiquement déterminer une reprise des luttes d’autant plus forte qu’elle à mis à nu les contradictions et la brutalité immanente au système capitaliste. »

Malgré çà, il nous est arrivé à plusieurs reprises de tomber sur de soi-disant « révolutionnaires » qui défendent l’opération anti-terroriste, parce qu’ils croient que cela permettra un retour à la lutte de classe « normale ». Malgré çà, nous pouvons lire (même si de manière fragmentaire et contradictoire) des nouvelles à propos d’« anarchistes » actifs dans des structures administratives des séparatistes, parce qu’ils les considèrent comme un moindre mal en comparaison avec le gouvernement de Kiev.

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Nous ne soutenons en aucune façon la guerre et ses atrocités et nous sommes conscients que tout conflit militaire signifie l’aggravation des conditions de vie des prolétaires. Cependant, en tant que communistes, nous ne pouvons pas adopter la thèse selon laquelle nous pourrions éviter un conflit militaire en soutenant l’un ou l’autre camp guerrier.

Le prolétariat n’a aucun intérêt à préserver les conditions actuelles ou antérieures de sa misère. Le prolétariat n’a pas de patrie à défendre. Le camp du prolétariat dans toute guerre, c’est l’action unie et intransigeante des prolétaires des deux camps qui se font concurrence contre les deux camps guerriers de la bourgeoisie.

 

  • La lutte contre la guerre signifie le défaitisme révolutionnaire ! Front prolétarien révolutionnaire contre la bourgeoisie des deux camps guerriers !

  • Affrontons la guerre par l’action directe, le sabotage, la grève générale, radicale et combative !

  • Solidarité de classe avec les défaitistes révolutionnaires de tous les camps !

                                                                                                * Août 2014 *

1) http://www.autistici.org/tridnivalka/preparatifs-guerriers-entre-lukraine-et-la-russie-show-ou-realite/
2)http://www.thedailybeast.com/articles/2014/04/17/the-ukrainian-army-is-crumbling-before-putin.html
3)http://ndilo.com.ua/news/u-viyisku-rozpochavsja-bunt.html via http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/05/30/beginning-of-rebellion-in-the-ukrainian-army/
4)Idem.
5) Idem.
6)http://www.volynpost.com/news/33715-vijskovi-z-51-oi-brygady-vlashtuvaly-na-mykolaivschyni-bunt via http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/05/29/volhynia-soldiers-mutiny-and-refuse-to-go-to-the-donbas/
7)http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/02/soldiers-relatives-protests-spreading-in-ukraine/
8) http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/04/soldiers-relatives-block-military-recruitment-office-in-lviv/
9) Idem.
10)Idem.
11)http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/11/kherson-soldiers-relatives-picket-military-enlistment-office/
12)http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/19/chernivtsi-soldiers-relatives-block-highway-demand-soldiers-brought-back-from-the-east/
13)http://112.ua/obshchestvo/pod-zhitomirom-semi-voennosluzhaschih-perekryli-dorogu-kyjev-chop-79161.html
14)http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/10/soldiers-relatives-block-troops-in-melitopol-from-being-sent-to-the-front/
15)http://www.youtube.com/embed/hyLIUk6U9yA
16)http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/04/soldiers-relatives-block-military-recruitment-office-in-lviv/
17)http://www.aitrus.info/node/3875/ via http://libcom.org/forums/news/protests-ukraine-02122013?page=11#comment-541714
18)Idem.
19)http://www.youtube.com/embed/0WbCvUoZEQ
20)http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/07/25/riot-in-western-ukraine-against-army-mobilization/
21)Idem.
22)http://www.aitrus.info/node/3875/ via http://libcom.org/forums/news/protests-ukraine-02122013?page=11#comment-541714
23)http://www.youtube.com/embed/G2qm3_c2O-8 et http://www.youtube.com/embed/fiRqdLi6fk0 via http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/08/06/protests-against-the-war-in-zaporizhia-and-kyiv/
24)http://www.rferl.org/media/video/ukraine-national-guard-cannon-fodder/25426820.html
25)http://observerukraine.net/2014/05/08/for-an-independent-social-movement-for-a-free-ukraine/
26http://en.itar-tass.com/world/733524/
27)http://liva.com.ua/miners-war.html via http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/05/30/donetsk-miners-strike-against-war-eyewitness-account/
28)http://www.marxist.com/donetsk-miners-strike.htm
29)http://observerukraine.net/2014/05/27/petro-poroshenko-the-chocalate-king-walks-onto-a-sticky-wicket/
30)http://kroha.dn.ua
31)http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/13/mothers-and-parents-organisations-appeal-stop-the-war-save-the-people-of-donbass/
32)http://brend-archer.livejournal.com/324036.html via http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/13/mothers-and-parents-organisations-appeal-stop-the-war-save-the-people-of-donbass/
33)http://www.youtube.com/embed/xUFxhbGE-8I
34) http://ukraineantifascistsolidarity.wordpress.com/2014/06/20/kharkov-tank-factory-rally-against-the-anti-terrorist-operation/
35)http://observerukraine.net/2014/05/12/appeal-of-the-kryviy-rih-basin-miners-to-the-workers-of-europe/
36)http://www.aitrus.info/node/3870/ via http://libcom.org/forums/news/protests-ukraine-02122013?page=11#comment-541385

images-1L’UKRAINE en proie aux contradictions inter-impérialistes

Pendant des siècles, l’Ukraine est aux confins des royaumes de Pologne de Lituanie et de Russie, c’est une zone aux frontières mouvantes.

Soumise aux invasions Tartaro-mongoles, ses territoires seront alternativement sous la domination de ses puissants voisins. Ainsi Kiev est polonaise jusqu’à la fin du 17ème siècle.

Outre des ukrainiens, le pays compte une importante minorité de russe et de biélorusse, mais aussi des moldaves, des roumains, des polonais, des bulgares, des hongrois, des grecs et des tartars. A noter également que l’Ouest du pays a connu un schisme religieux (Uniate), s’étant séparé de l’église orthodoxe pour se rapprocher des catholiques (que sont les voisins polonais).

Le retournement au profit de la Russie des cosaques, peuples nomades installés sur ce territoire entre polonais et russes, est déterminant pour le passage des territoires sous domination de la Russie Tsariste.

De 1815 à 1914, soit presque un siècle, la Russie Tsariste s’étend jusqu’à Varsovie (Pologne)

La configuration actuelle de l’Ukraine est le fait de la reconquête soviétique et des frontières de 1945. (Yalta en Crimée)

En 1954, c’est Khrouchtchev (d’origine ukrainienne) qui va donner à l’Ukraine la Crimée jusqu’alors rattachée à la RSS de Russie. La Crimée sera à ce jour une république autonome de l’Ukraine.

Pour nous Communistes, l’Ukraine ravive quelques souvenirs :

–       Ceux de la révolution de 1905, avec la mutinerie du Potemkine et la fusillade de l’escalier Richelieu à Odessa ; immortalisés par le film d’Eisenstein.

–       Ceux de la controverse dans le parti Bolchevick à propos de la « Paix » de Brest-Litvosk qui allait livrer l’Ukraine à l’Allemagne, puis à l’invasion polonaise soutenue par Petlioura.

–       Ceux de la guerre contre les blancs et les troupes impérialistes qui assiégeaient la jeune Russie Bolchevick.

–       Ceux des marins du corps expéditionnaire français, les « Mutins de la Mer Noire » qui refusèrent, en vrai internationalistes de tirer sur leurs camarades russes.

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Nous relayons un article de RESPUBLICA qui nous a été signalé par une camarade, cet article à le mérite de poser les bonnes questions ce qui n’est pas très fréquent à la gauche de la gauche.

L’article est suivi de notre commentaire.

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Venezuela, Ukraine, Russie et ailleurs : vers une intensification de la confrontation inter-impérialiste ?

Permalien vers cet article                                                                                              Lundi 3 mars 2014

Par Évariste       Pour réagir aux articles écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

 

Vous avez vu les 20h de TF1,de France 2, lu la presse dominante, écouté les grandes radios. Vous savez donc qu’en Ukraine, les gentils démocrates pro-occidentaux ont gagné et que les méchants totalitaires corrompus qui regardent vers l’Est sont défaits.
Vous savez aussi qu’au Venezuela, les gentils aspirants à la liberté, manifestent dans le calme et la dignité et que le pouvoir sanguinaire des bolivariens entrave ces promenades « bisounours ». Je vois d’ici certains lecteurs de ReSpublica faire la fine bouche en disant :- « On nous a déjà fait le coup en Libye, la situation actuelle étant aujourd’hui pire que sous Khadafi avec la charia, la régression du droit des femmes, la guerre civile des milices d’extrêmes droites, la régression des droits,le pouvoir d’achat en berne, il n’y a que les multinationales de l’énergie qui sont contentes, etc. »
-
« On nous a fait le coup en Syrie où la force militaire dominante anti-Assad est aujourd’hui formé par l’extrême droite islamiste dans ses différentes composantes, largement soutenue par les alliés des néolibéraux, l’Arabie saoudite et la Turquie. »
Et ces lecteurs ont bien raison : au delà de l’idéologie universaliste, qui oppose les bons du camp occidental aux méchants anti-démocrates de l’Est, la réalité du rapport de forces géopolitique renvoie à des rivalités économiques.

Nous sommes dans une intensification de la guerre inter-impérialiste

Une contradiction fondamentale du mode de production capitaliste est, qu’il ne peut se développer que dans un cadre social spécifique, l’État-nation, mais qu’il doit en sortir, poussé par la loi de l’accumulation capitaliste, à la recherche de débouchés et d’argent frais. Le capitalisme a vocation à être impérialiste, d’où les inéluctables rapports de forces entre nations, qui ne sont que des rapports de compétitivité entre capitalismes, c’est-à-dire de capacités d’exploitation.

La géopolitique gère ces rapports, selon une idéologie propre à chaque camp.
Ainsi, l’impérialisme occidental (piloté par les EU qui ont fini par enrôler, après la Grande-Bretagne via la finance, l’UE via son impuissance) tente d’endiguer la Russie et la Chine au nom de l’idéologie des droits de l’homme. Il le fait au nom de l’idéologie des droits de l’homme, mais partout où cet impérialisme passe (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, etc.) il fait le lit des forces les plus obscurantistes et intégristes au point de faire s’allier des ennemis de toujours (Iran-Irak par exemple). Cela ne vient-il pas de la contradiction fondamentale du mode de production capitaliste ? Ce dernier ne peut se développer que dans un cadre social spécifique, l’État-nation, mais doit en sortir (pour cause de recherche de débouchés, de baisse tendancielle du taux de profit et le besoin d’argent frais) et devenir impérialiste, d’où la géopolitique pour rendre compte des rapports de forces entre nations, c’est-à-dire des rapports de compétitivité entre capitalismes, c’est-à-dire entre capacités d’exploitation.

La réalité géopolitique est que nous vivons en direct le passage de témoin entre les EU et la Chine, comme les anciens ont vécu celui entre le Royaume-Uni et les EU dans la période fin du XIXe-première-moitié du XXe. La Russie apparaît dans le jeu comme l’équivalent de l’Allemagne d’alors, à la différence que l’Allemagne était une puissance industrielle montante, tandis que la Russie d’aujourd’hui est une puissance rentière, assise sur sa richesse gazière et pétrolière.
Quelques exemples sous nos yeux

Ainsi, en Europe, dans la guerre civile qui se passe en Bosnie-Herzégovine, la seule chose qui fait consensus est que plus personne ne veut des accords communautaristes pro-intégristes de Dayton imposés par les forces néolibérales occidentales, accords aujourd’hui pointés comme étant l’une des causes majeures de la guerre civile. La Bosnie, c’est un système de type libanais au plein cœur de l’Europe. On ne peut pas faire plus éloigné de la République sociale que ce système usine à gaz antidémocratique. C’est le produit du traitement impérialiste de dépeçage de l’ex-Yougoslavie.

De même, au Venezuela, nous sommes confrontés à une stratégie de la tension en vue d’un coup d’État pro-américain. Lisez cet article de Maurice Lemoine, il le montre très bien.  Mais, cette tentative de déstabilisation s’appuie sur des difficultés économiques sérieuses.
Le système bolivarien basé sur la rente énergétique n’a pas réussi à empêcher la croissance de l’écart des taux de change officiel et officieux de la monnaie bolivarienne. Cet écart a progressé fortement de 2010 à aujourd’hui. Aujourd’hui le ratio est de 9 pour 1 ce qui n’est pas rien. Bien évidemment, cela participe à l’enrichissement d’une petite minorité de Vénézuéliens et une part de plus en plus importante de l’économie se développe en fonction de cet écart. Par exemple, la grande compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA doit vendre ses devises issues des recettes au taux officiel mais doit payer ses fournisseurs au taux officieux ! D’où la nécessité de subventionner cette grande entreprise. Le gouvernement souhaite donc entrer dans un processus de taux de change unique mais qui sera au début situé entre les deux anciens taux officiel et officieux. Cela demande un pilotage fin et précis par la Banque centrale, une aide monétaire aux plus défavorisés à cause de la hausse des  prix qui s’en suivra.
 Mais ce n’est pas suffisant.
D’aucuns proposent de passer d’une économie de rente énergétique à une économie basée sur une plus forte redistribution (le Venezuela est un des pays à fiscalité faible), d’aller plus vite dans une politique industrielle plus développée, plus diversifiée, plus haute en gamme et sans doute d’avoir une politique économique et financière visant à transformer les excès de liquidités en une épargne à long terme, sans compter la nécessité d’augmenter encore la qualité de l’enseignement, notamment des filières scientifiques et techniques. Ces propositions, quoique nécessaires, sont au mieux la copie déformée de la thèse des industries industrialisantes de Gérard Destanne de Bernis qui sous-estime la logique effrénée d’un capitalisme qui n’a pas d’autre solution que d’intensifier ses politiques d’austérité et renforcer ses menées impérialistes.Il y a donc loin de la coupe aux lèvres mais le combat continue.
En Ukraine, la situation est d’une grande gravité. D’abord la corruption endémique est généralisée tant du côté de l’ex-président Victor Yanoukovitch déchu que de l’ancienne première ministre Youla Timochenko, libérée de prison il y a quelques jours. Dans son indice de perception de la corruption, l’ONG Transparency International classe l’Ukraine au 144e rang sur 175 ce qui était déjà le cas avant l’arrestation de l’ex-première ministre Youla Timochenko qui a été présentée par les médias néolibéraux comme la coqueluche de Maïdan.

Les populations du Sud (la Crimée) majoritairement russophones vivent pour beaucoup dans une économie marquée par la présence massive de la flotte russe. Les populations de l’Est vivent beaucoup du commerce avec la Russie d’autant que ce commerce a bondi depuis 2009, même si la balance commerciale est défavorable aux Ukrainiens.
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Tandis que les populations du Nord-ouest et de la région de Kiev sont tournés vers les économies de l’UE.
Les besoins financiers à court terme de l’Ukraine (sans compter les investissements nécessaires) se chiffrent à plus de 27 milliards d’euros (35 milliards de dollars) pour les deux ans qui viennent dont plus de la moitié sont exigibles en 2014. Il va sans dire que la poursuite du prêt que la Russie avait consenti à l’Ukraine (reste environ 12 milliards de dollars) devient pour le moins hypothétique. Ce n’est pas le milliard de dollars promis par les EU et les 1,5 milliards promis par l’UE qui sont de nature à couvrir les besoins immédiats.
Reste le FMI, bien que sa doctrine reste la contrepartie d’une politique d’austérité en Ukraine. Notons que, officiellement, ce fut par refus de la contrepartie exigée par les Occidentaux (la politique d’austérité) que l’ancien président déchu n’avait pas signé le plan européen.
La dette de l’Ukraine n’est pas exorbitante (43 % du PIB) mais le pays est en récession avec un abaissement du PIB de plus de 2 % en 2013. Faible industrie bas de gamme et secteur agricole développé.
Notons de plus que l’Ukraine est le pays où circule via des oléoducs la grande majorité du gaz et du pétrole russe à destination de l’Europe de l’ouest mais aussi de l’Europe du sud.

Quant aux élites politiques nouvelles présentées par les médias occidentaux, en plus du nouveau pouvoir ukrainien d’Olexandre Tourtchinov et d’Arseni Iatseniouk, proche de l’ex-première ministre, notons l’ancien champion de boxe Vitali Klitschko, chef du parti ultra-libéral Udar et l’ultranationaliste nazi Oleh Tiahnybok de Svoboda.
Que du « beau monde » qui ne résoudra pas par un coup de baguette magique la crise actuelle. D’autant qu’étant « sûrs » du soutien de l’impérialisme occidental, ces hommes ont dès les premières mesures supprimé le russe comme langue officielle, une langue parlée par 60 % de la population. Et décidé dans la même lancée une discrimination contre les langues hongroise et roumaine. Le gouvernement roumain a déjà protesté. Le député Vadim Kolesnitchenko parle de discrimination linguistique. Il est facile de prouver que les habitants russophones d’Ukraine ne sont pas des immigrés, mais des autochtones. Rien de surprenant de voir les russophones d’Ukraine demander au grand frère russe une intervention. Mais même à Lviv, bastion pro-européen en Ukraine, les militants ont, par exemple, déclaré le 26 février « journée russophone » afin de montrer leur solidarité avec les habitants des régions de l’est et du sud de l’Ukraine, à majorité russophone. Le gouvernement vacille d’où la volonté de certains de rencontrer Poutine…
Il y a de la fébrilité dans l’action d’Olexandre Tourtchinov, le nouveau président favorable à l’impérialisme occidental. Quelques jours après la réaction musclée de l’impérialisme russe, il demande au Parlement de revenir sur ce vote et modifier la loi. Sans doute, l’impérialisme occidental a-t-il été surpris de la détermination du président russe qui a planifié son action de façon très professionnelle.
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Et si « l’ukrainisation » était une maladie contagieuse ?
Déjà, nous connaissons le cas de l’Ossétie du sud et de l’Abkhazie en Géorgie et du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan.
En Moldavie, la Transnistrie, ou République moldave du Dniestr, a voté en 2006 à 97,1 % de voix en faveur du rattachement à la Russie.« Nous sommes prêts à doter la Transnistrie d’une large autonomie, sur le modèle catalan », a proposé le Premier ministre moldave Iurie Leanca.
Mais le 2 février 2014, la Gagaouzie a voté d’une même voix (à 98,7 %!) en faveur du rattachement à l’Union douanière (Russie, Biélorussie, Kazakhstan) initiée par la Russie. Un caillou dans le sabot pour des autorités moldaves engagées dans un rapprochement avec l’UE.

Tout cela pour dire que la géopolitique reprend ses droits. 
Au moment du déclin de l’hyperpuissance étatsunienne, de notre entrée dans un monde multipolaire et peut-être demain pourquoi pas « apolaire », tout se passe comme si les alliés impérialistes transatlantiques (États-Unis, Canada, Union européenne) avaient engagé une nouvelle politique d’endiguement (containment en anglais) contre la Russie en Europe et contre la Chine en Asie, avec des répercussions au Moyen Orient et en Afrique. Les conflits en Azerbaïdjan, en Ukraine, en Moldavie, en Géorgie, l’entrée rapide de la Bulgarie, de la Roumanie et des pays baltes dans l’Union européenne, ne sont-ils pas un sous-produit de cette nouvelle politique d’endiguement occidentale ?

La tentative du Partenariat transpacifique1 sur un projet de regroupement de 40 % du PIB mondial ne l’est-elle pas également ? Même si le TPP vient de reporter à 2015 la résolution des différends EU-Japon sur la taxation des produits agricoles importés par le Japon, idem pour l’automobile par les EU, voire des différends avec la Malaisie sur la défense par cette dernière des entreprises nationales ou encore sur la questions des brevets pharmaceutiques et des génériques pour l’accès aux médicaments pour les pays plus pauvres.

Tout ne s’explique pas par la géopolitique, mais rien ne peut s’expliquer sans elle. Il faudra sans doute à l’avenir s’intéresser plus à ces gigantesques batailles inter-impérialistes qui sont devant nous. La gauche de la gauche peut-elle devenir une gauche de gauche sans être claire sur ce sujet ? Il faut bien, à un moment, poser les questions qui fâchent…
Le TPP tente de regrouper douze pays: le Japon, l’Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les États-Unis et le Vietnam []
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Notre commentaire; 
On ne peut qu’être d’accord avec votre analyse sur la confrontation entre blocs impérialistes. Les peuples du monde entier en font les frais. De 1945 à aujourd’hui, les différents conflits impérialistes mondiaux ont fait plus de morts, de blessés et d’orphelins que les deux guerres mondiales réunis.
Mais l’intensification des guerres est à mettre en relation avec l’aggravation de la crise du capitalisme, ses capacités de survie qui le conduisent à accroître partout les conditions d’exploitation.
 
Une des raisons de ces guerres nommées de « basse intensité » c’est que le capital a besoin d’États compradores, dociles et surtout les plus petits possibles de manière à accroître la concurrence entre ces Etats.
L’objectif premier est d’abaisser le coût du travail vivant, productif, au niveau le plus bas possible.
Pourquoi ?
La concurrence est l’aiguillon externe du capitalisme, qui lui permet d’augmenter la productivité qui est lui l’aiguillon interne de la production capitaliste.
« Produire pour produire » tel est le crédo capitaliste et rien ne peut s’y opposer si ce n’est le prolétariat uni qui, par nécessité, se rassemblera, se reconnaîtra en tant que classe sociale indépendante de la bourgeoisie afin de la combattre efficacement. « Produire pour le peuple » sera l’objectif du prolétariat pour en finir avec le gaspillage des richesses produites et surtout pour éliminer la propriété privée qui fonde le capital et donc les rapports de production qui en découlent et qui permettent à ce capital de se reproduire (les rapports de production sont uniquement basés sur la séparation entre les possesseurs des moyens de production -financiers compris- et les exploités, simples exécutants).
 
Mais pour le moment, nous n’assistons qu’au dépeçage des anciennes nations, devenues obsolètes pour maintenir le taux de profit (du moins tenter de le maintenir au niveau le plus élevé possible quand tous les facteurs de dévalorisation du capital sont supérieurs à ceux de sa valorisation).
Parmi ces facteurs de dévalorisation figure justement la productivité. Celle-ci n’a jamais été aussi élevée. La composition organique (CC/CV) est élevée. Moderniser coûte trop cher. Les investissements sont bloqués, l’argent se thésaurise ou tourne en rond dans la sphère financière, produisant au passage des krachs comme celui de 2008. Puis c’est le tour des États qui se trouvent en cessation de paiement.
Le recours au crédit, l’inondation de liquidités par les banques centrales produisent les mêmes effets :  un trop plein d’argent que ne eput se convertir dans la production en capital additionnel. C’est le blocage de l’accumulation.
 
Les États impérialistes tentent de relancer la spirale « vertueuse » qui a permis pendant les trente glorieuses d’accroître la productivité tout en augmentant les salaires mais à un rythme plus lent que cette dernière.
 
Aujourd’hui le procès de l’accumulation se heurte à l’impossibilité de diminuer davantage la masse salariale autrement dit de diminuer le temps de travail contraint car ce dernier est aussi du sur travail qui produit de la plus-value.
La productivité mine la production de plus-value donc annule les profits envisagés.
Le travail n’étant plus rentable on supprime ce travail (d’où l’aggravation du chômage et de la « fracture sociale » tant redoutée par la bourgeoisie qui ne peut même plus nourrir le prolétaire qui était sensé la nourrir !) et dans le même temps on abaisse le coût de celui qui reste.
Voilà pourquoi l’impérialisme pille sans vergogne les pays dominés, jusqu’à la destruction de la nature et des ressources de ces pays. Voilà pourquoi, sans une révolution pour y mettre un terme, l’espèce humaine est menacée de disparaître avec la planète toute entière.
 
Pierre Lehoux – secrétaire de l’Association des Amis du Manifeste.
 
 
 

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Produire Français peut-il protéger les travailleurs du chômage de masse?                        
Une partie de la bourgeoisie entonne le refrain nationaliste

Le « produisons français » du Front de Gauche

Avec l’aggravation de la crise, une partie de la bourgeoisie, en particulier Le Front de Gauche (organisation qui a sa représentativité notamment auprès des catégories sociales « protégées », sous statuts, agents des services publics, de l’État, etc.) tente de récupérer la colère d’ une partie des ouvriers licenciés en maniant un discours à la fois véhément mais profondément nationaliste, dont la teneur n’a rien à envier au plus acerbe des impérialismes français.

Ses déclarations flirtent sur une vague relativement proche de celle du Front National.

L’un glorifie la Patrie et la Race, l’autre l’Universalisme et la Puissance de la France. Dans les deux cas, la stratégie est simple : rallier la fierté nationale aux élections bourgeoisies.

Mais les travailleurs ne se battent pas, comme semble le penser Mélenchon, unis sous la bannière d’une patrie (le « défendons l’industrie automobile française » du leader de la CGT face aux ouvriers licenciés de PSA).

Au contraire, la classe ouvrière est internationale et ne saurait s’arrêter à une définition nationaliste et patriotique. Qu’ils soient chinois, français, japonais, anglais, américains, africains, brésiliens, les travailleurs connaissent la même fatalité : l’exploitation à outrance. S’ils luttent avec autant de force et de détermination chez PSA ou chez GOOD YEAR c’est pour conserver leur emploi, leur seul moyen de subsistance.

Le Front de Gauche en appelle au protectionnisme national, au retrait de la France de l’UE et de l’Euro. Le front de Gauche se pose comme un mouvement chauviniste de gauche, qui n’a absolument rien compris à la mondialisation et tente de préserver les intérêts de certaines catégories sociales plus précisément françaises. Mais il est euro centriste (tout comme la CGT adhérente à la Confédération Européenne des Syndicats).

Il propose ainsi un « protectionnisme européen » qui passerait par une « mise en place des visas sociaux et écologiques pour toute marchandise entrant dans l’Union (européenne) et l’instauration d’une souveraineté économique qui interdise les délocalisations dans tous les cas où cela aboutit à la perte d’un savoir-faire où à la destruction d’une zone de production« .

Il évoque également :

le « protectionnisme solidaire »,

le « Grand Marché Transatlantique ».

Voici ce qu’en dit Mélenchon sur son blog :

« La protection d’un marché intérieur, quelle que soit sa taille, bref, le protectionnisme qui fait hurler les libéraux, c’est possible. Et avec lui la relocalisation de l’activité. Les 20 et 21 décembre dernier, les pays membres du Mercosur étaient réunis à Montevideo. Le Mercosur est une sorte de marché commun en Amérique du sud. On y trouve le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay comme États membres à part entière. Et notamment le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur comme États associés. Ces pays ont alors décidé de mettre en place des mesures protectionnistes aux frontières du Mercosur…Le Mercosur nous montre ainsi que de simples décisions politiques permettent de mettre fin à la folie du libre-échange afin de relancer les économies nationales, de lutter contre le chômage et de protéger l’environnement en relocalisant les productions. A l’exact opposé de ce que fait l’Union européenne… »

On sait que les idéologues du Front de Gauche, en particulier, font de l’État une mystification en prétendant qu’il représenterait l’intérêt général, qu’il représenterait la volonté des individus associés (les fameux « citoyens ») et aurait par là, en la réalisant, le pouvoir de mettre « l’économie » (entendez « la croissance », l’accumulation du capital) au service des hommes dans leur ensemble.

S’ils étaient au pouvoir, ils pourraient être à la fois d’habile gestionnaire appliquant en fin connaisseur les « lois » de « l’économie », qui sont justement celles qui justifient et organisent la domination sur les hommes des choses qu’ils ont produites.

Les idéologues et politiciens brandissent encore les mêmes propositions, pourtant mille fois expérimentées comme n’ayant en rien aboli la condition de prolétaire ni affaibli l’accumulation et la reproduction du capital. Elles tournent toujours autour des mêmes rodomontades: prendre aux riches, mais sans abolir la propriété bourgeoise des moyens de production ni la classe bourgeoise.

Or, l’État n’est certainement pas le moyen de diriger « l’économie » au « service des hommes » (car cela dépend d’une révolution des rapports sociaux). Il ne peut plus aujourd’hui, ou du moins de plus en plus difficilement, assurer la reproduction du capital et de la société capitaliste, bien que ce soit là sa fonction, sa raison d’être, et qu’il s’y emploie avec ardeur en usant de toutes les forces coercitives à sa disposition (dont le totalitarisme idéologique et médiatique), et qu’il doive sans cesse croître pour y parvenir encore.

L’intérêt général qu’organise l’État est celui du capitalde sa valorisation, parce que sa reproduction est la condition de celle de cette société dont cet État est à la fois le produit et l’organisateur.

D’habiles gestionnaires du Capital

Aujourd’hui, le capital n’a plus guère de miettes salariales à distribuer aux prolétaires, ni même à une large partie des couches moyennes. Il a certes accaparé énormément, mais il peine à mettre en valeur, comme capital, les richesses fabuleuses qu’il possède et qu’il entasse, consomme dans le luxe le plus débridé, gaspille dans les dépenses les plus improductives et inutiles, dissipe dans ses crises.

Sur le plan politique, c’est la fin du « réformisme » qui permettait de maintenir l’ordre social en attachant les travailleurs au système par le moyen d’une relative augmentation de leur niveau de vie.

La pauvreté n’était souvent, dans les pays capitalistes développés que relative à l’accaparement bourgeois. Elle devient aujourd’hui pour beaucoup absolue.

Nombre de précaires, chômeurs, Rmistes, SDF, qui en ont été dépouillés de tout, imaginent effectivement n’avoir plus que l’État comme moyen pour eux, et estiment naturellement que l’État est plus que jamais responsable de leur bien être, de leur vie, et de toute la société. Et c’est vrai!

L’État est effectivement indispensable à la vie et à la reproduction de cette société là.

Par exemple pour l’entretien de la force de travail, et pour toute une série d’autres nécessités qui apparaissent comme « services publics », « aides à l’emploi » et à la croissance, etc. Parce que ces interventions sont nécessaires dans la société bourgeoise, y satisfont certains des besoins qu’elle engendre, on croit qu’elles sont nécessaires à la vie en général.

Parce que l’État moderne fait toutes ces choses que le « privé » ne veut pas ou ne peut pas faire, on croit que seul l’État peut, et à jamais, les faire, et que par là il est le garant du progrès de la civilisation.

Parce que l’État distribue toutes sortes d’allocations, s’occupe de la santé, des retraites, du droit du travail, etc., cela accrédite l’idée qu’il est au dessus des classes (d’autant plus que les lois sociales apparaissent comme des « conquêtes ouvrières » du fait des luttes sociales souvent dures qu’elles impliquent à cause de la résistance que les capitalistes y opposent), qu’il est l’État qui obligera « l’économie à être au service de l’Homme ».

Ainsi, plus l’État est totalitaire, plus il semble indispensable. Il ne semble pas seulement, il l’est dans l’immédiateté des problèmes de l’instant. Il l’est pour le système capitaliste et pour les hommes qui y vivent. Du moins tant que ceux qui sont dépouillés de leur puissance sociale, voyant l’impuissance de l’État à satisfaire leurs besoins, ne s’organisent pas par eux-mêmes pour abolir cet État jusque dans ses fondements, les rapports d’appropriation qui le produisent.

Ces hommes voient que sans cesse des mouvements, des transformations, des crises adviennent sans qu’ils n’y soient pour rien. Ils en attribuent le pire au capital financier, le reste aux soi-disant nécessités techniques et scientifiques, ou aux soi-disant lois économiques, et ils se tournent vers l’État comme la puissance chargée de les faire vivre et les sauver. Il y a sans cesse toutes sortes de bouleversements qu’ils subissent, et toutes les forces obscures de ce monde, aussi mystérieux pour eux que l’était le monde primitif pour les premiers hommes, qui les provoquent, c’est au grand fétiche* État, révéré lors des cérémonies rituelles sous les masques Nation, Droits de l’Homme, Intérêt Général, Citoyen, Démocratie, à les dominer, à les dompter.

Voilà pourquoi le Front de Gauche peut rassembler des milliers de personnes devant l’impuissance de l’État à répondre à leurs besoins.

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Ils réclament plus d’État !

 

Voici ce que prêchait le principal orateur du Front de Gauche, Mélenchon devant les milliers de personnes venus l’écouter le 6 mai dernier :

« […] nous créerons des pôles publics de l’industrie à l’échelle territoriale. Ceux-ci rassembleront les partenaires publics et privés de ces territoires et travailleront en liaison avec des forums citoyens des sciences et de la technologie ou d’autres instances de recherche en permettant l’embauche dans ces pôles de titulaires du titre de docteur et en faisant reconnaître ce titre dans les conventions collectives.

Les aides aux entreprises seront soumises à des règles strictes.

Le pôle financier public fournira un crédit bonifié aux entreprises pour l’emploi, la formation, la recherche et le développement sur critère d’utilité sociale et environnementale des investissements et de la production.

Nous soutiendrons les politiques d’investissements des entreprises vers les innovations industrielles aux productions utiles. Nous favoriserons la relocalisation des activités et les circuits courts de distribution.

Nous renforcerons la présence de l’État dans le capital d’entreprises stratégiques pour leur sauvegarde et leur développement.

Le soutien de l’État et des pouvoirs publics aux PME-PMI, lesquelles sont aujourd’hui les plus créatrices d’emploi, sera renforcé.

Nous réaffirmons l’exigence de la maîtrise publique, sociale et démocratique du secteur de l’énergie, seule garante de la transparence, de l’indépendance, de l’expertise et de la qualité des installations et des exploitations. Nous créerons un pôle 100 % public de l’énergie comprenant EDF, GDF, Areva et Total renationalisé. Nous agirons parallèlement pour la création d’un tel pôle public au plan européen.

Nous abrogerons les lois de libéralisation de l’énergie. »

Il est facile aux étatistes de critiquer l’affaiblissement de l’État national par ces instances supranationales en prétendant que c’est par elles que le peuple aurait perdu tout pouvoir sur sa vie puisqu’elles ne sont pas, le moins du monde, élues.

Mais, nous l’avons vu, il a déjà perdu ce pouvoir depuis longtemps dans la domination du capital sur sa vie (plus même, ce sont les rapports sociaux formant le capital qui déterminent l’individu contemporain), et dans la domination de l’État national.

Revenir à l’état antérieur de l’État national, à un État encore plus nationaliste et protectionniste qu’il ne l’est, serait la pire chose qu’on puisse opposer à la mondialisation capitaliste. Car l’étatisme, le protectionnisme, le nationalisme, ont les mêmes racines idéologiques dans les fétichismes de l’État et de la marchandise : ce sont là des germes du fascisme.

 

Mais « l’État démocratique », est déjà totalitaire. Il intervient de tous côtés, et ses interventions se résument en quatre points:

– le renforcement de la répression policière, juridique, et de la dictature bourgeoise en général dans tous les domaines de l’idéologie (médias, enseignement, culture);

– l’augmentation de l’intensité du travail et de l’allongement de sa durée (sources de plus-value absolue), par la flexibilité accrue des horaires et des postes, la flexibilité des contrats de travail (développement énorme du travail précaire, intérim, CDD, etc.), la chasse aux moindres temps morts, le recul de l’âge de la retraite;

– la recherche d’économies dans les éléments de la production qui s’échangent contre le capital constant, par exemple abaissement du coût des matières premières, abaissement du coût des immobilisations (qui sont des temps de non valorisation) par l’utilisation la plus intensive possible des machines (travail en 3 x 8), les « stocks zéro » et les « flux tendus »;

– la recherche frénétique de la diminution des coûts salariaux, notamment les « charges sociales ». Dans ce domaine, comme dans celui de l’aggravation des conditions de travail en général, l’arme principale du capital est le chômage.

 

Non seulement la crise l’accentue naturellement, mais le capital a utilisé la mondialisation pour accroître « l’armée de réserve » des prolétaires.

C’est sur cette mondialisation, dite « libérale », qu’il est intéressant de s’arrêter un moment. Elle est présentée par les experts bourgeois de gauche pour être, conjointement avec l’hégémonie d’un capital financier débridé, la cause de la crise. Ils se trompent, prenant comme toujours les effets pour la cause. Car en réalité, elle en est bien plutôt une conséquence, un palliatif. Elle a été ce moyen essentiel qui a permis que la crise soit restée jusqu’à ce jour relativement modérée dans ses effets, que l’accumulation du capital et la production aient pu continuer à croître au cours de ces trente dernières années au lieu de sombrer dans une brutale récession. Grâce à elle, le capital a pu obtenir des résultats importants en ce qui concerne les trois derniers points du résumé ci-dessus (tandis qu’elle implique d’ajouter l’accentuation des guerres impérialistes néocoloniales au premier).

Cette mondialisation dite « libérale » n’est nullement originale en elle-même, mais par son ampleur, par l’amplitude extraordinaire qu’elle a donnée à l’expansion planétaire du mode de production capitaliste, à l’élargissement des bases de l’accumulation du capital, étendues en une trentaine d’années à des milliards d’individus restés encore paysans à l’époque de la mondialisation coloniale.

Et ce sont les limites qu’elle rencontre, les contradictions qu’elle génère, les luttes complexes qui en découlent, qui vont déterminer ce que produira la crise actuelle: un nouveau cycle d’accumulation capitaliste à l’échelle mondiale, ou un cycle de révolutions anéantissant ce mode de production devenu absolument catastrophique.

 

Le nationalisme est donc une des conséquences les plus erronées et les plus dangereuses du rapport capitaliste que « d’accoutumer le travailleur à voir sa seule chance de salut dans l’enrichissement de son Maître » (K. Marx, Le Capital)Et donc à non seulement l’accepter mais même, trop souvent, à y contribuer en soutenant ses guerres commerciales et militaires, prolongements naturels de la concurrence.

Cette idéologie d’unité nationale patriotique est très soigneusement cultivée par l’éducation et tout l’appareil intellectuel de la bourgeoisie, et exacerbée par une propagande chauvine de tous les instants, en tous lieux et à tous propos, comme antidote à la lutte des classes et comme soutien à la lutte d’une bourgeoisie contre d’autres pour le partage de la plus-value mondiale.

En réalité, la concurrence entre les travailleurs n’est qu’une forme de celle existant entre les capitaux pour accaparer le maximum de cette plus-value.

Et en jouant le jeu du soutien à « leur » capital, ils contribuent en fait à une aggravation de leur exploitation. En effet, le capital le plus prospère, celui qui survit dans la crise, est celui qui fait le plus de profit, qui exploite le « mieux » les ouvriers qu’il emploie.

 

Si, dans la concurrence, il n’y a aucune autre liberté pour le prolétaire que de se soumettre à un capital pour espérer en recevoir des miettes, il n’y en a pas non plus pour le capitaliste lui-même. Car il ne peut l’être qu’en étant le meilleur exploiteur du travail d’autrui, le meilleur filou, le plus cynique « gagneur », quel qu’en soit le prix en matière de dégâts humains, de gaspillages, de pollutions, etc. La concurrence entre eux ne fait que distinguer ceux qui sont les meilleurs dans ces comportements, les meilleurs agents de la valorisation des portions de capital dont ils ont la gestion. Eux aussi dans la concurrence exécutent les lois du capital, telles qu’elles leur apparaissent à la superficie et qu’ils les comprennent, superficiellement, sans la moindre idée de leurs fondements. Marx stigmatisait à juste titre ces agents comme n’étant que « des fonctionnaires du capital ».

 

La concurrence, baptisée libéralisme par les idéologues, n’est en rien synonyme de plus haut développement des hommes, de la liberté individuelle et de la créativité comme ils le chantent.

Vue comme manifestation de la liberté créatrice de chacun, elle est exactement l’inverse : la totale sujétion de l’individualité aux choses (argent, prix, salaire, profit, etc.) qui, bien que représentant le travail social, s’en sont détachées, au point que leurs rapports, leurs mouvements, déterminent les comportements individuels et les personnalités de chacun. La puissance sociale que les individus ont perdue dans les séparations de la propriété privée (des individus privés) se retrouve face à eux comme puissance des choses sur eux.

Ainsi, prétendre réaliser la liberté de l’individu par et dans la concurrence, par le biais de laquelle s’imposent en fait tous les fétichismes*, la domination sur les hommes de choses qu’ils ont eux-mêmes inventées et produites, cela est un comble du fétichisme*. Mais de même que les dieux, pures idées créées par les hommes, deviennent par le biais de la religion, une force réelle, terrestre, matérielle, déterminant des sociétés et leurs individus, de même les fétichismes* engendrés par les rapports sociaux capitalistes deviennent, développés en philosophie, littérature, histoire, éducation, « lois » économiques et juridiques, une force réelle et, avec des institutions comme l’État qu’ils contribuent à mystifier, structurent la société, participent pleinement à sa sacralisation et sa reproduction.

                          

 

Protectionnisme ou libéralisme c’est toujours le capitalisme

 

Des tendances protectionnistes se développent toujours avec les crises modernes, car il est évidemment facile à des capitalistes en difficulté qui produisent leurs marchandises sur le territoire national d’en rendre responsable la concurrence, pour eux toujours « déloyale », de pays étrangers qu’ils accusent de pratiquer un dumping salarial, fiscal, écologique, monétaire, et de produire ce faisant à des coûts inférieurs.

Les prolétaires, qui du fait de leur insertion dans le rapport salarial sont placés ainsi par le capital dans un rapport de concurrence avec ceux de ces pays « low cost », leur emboîtent souvent le pas. Cela d’autant plus aujourd’hui que la mondialisation dans sa phase actuelle a provoqué force délocalisations de travail ouvrier le plus déqualifié, ce qui a considérablement renforcé, surtout dans cette catégorie des prolétaires très touchée par le chômage, la sensibilité aux sirènes protectionnistes et nationalistes.

 

Leur insertion dans le rapport salarial s’affirme alors comme la vieille idée que plus la concurrence avec les ouvriers étrangers est limitée, et mieux ils vendent leur force de travail. Que plus la concurrence des capitaux est faible, mieux le capital qui les emploie se portera, ce dont ils pensent qu’ils pourront bénéficier, ne serait-ce qu’un peu. C’est l’idéologie du « plus le festin du maître est plantureux, plus abondantes seront les miettes dont l’esclave est nourri », dans laquelle le prolétaire ne se vit que comme agent du capital, dépendant de lui, et sous cet aspect, souhaitant alors sa prospérité, quitte à en exiger une part plus importante. Idéologie qu’approuve la bourgeoisie qui renchérit qu’il faut bien qu’il y ait des riches pour nourrir les pauvres!

 

Il est bien sûr nombre de politiciens qui flattent toutes ces demandes d’origine diverses réclamant un État plus fort qui saurait les protéger de la concurrence étrangère. Tout ce qui renforce l’État renforce aussi leur pouvoir, et cette perspective les ravit. Ils font alors chorus pour dénoncer les politiques dites « libérales » comme la cause de tous les maux dont souffre le peuple.

Elles auraient fait abandonner à l’État son rôle de défenseur du fameux et fumeux intérêt général, le mettant au seul service des financiers mondialisés, lesquels, mauvais patriotes, ne songent égoïstement et cupidement qu’à gagner le plus d’argent possible, sans souci de créer des emplois et des richesses dans la mère patrie pour le bien-être du peuple.

Gagner le plus d’argent possible, il n’y a là pourtant rien que le comportement général des individus du monde marchand et capitaliste, et surtout de tout fonctionnaire du capital, qu’il soit privé ou public, libéral ou protectionniste.

Mais l’idéologue étatiste va décréter que seul le capital public, ou dominé par l’État, est bon, que seul le protectionnisme peut permettre de résister à la concurrence étrangère et aux multinationales cosmopolites sans patrie, que seul un tel État dirigiste et protectionniste peut résister à « la dictature des marchés » (car il n’est pas question pour cet idéologue de parler de dictature du capital puisqu’il ne sait pas ce qu’il est, le réduisant à « l’argent roi »).

 

L’impuissance de l’État, quel qu’en soit le gouvernement, à dominer la finance est bien réelle. Il peut bien renforcer le protectionnisme (qui est déjà bien présent dans le monde sous de multiples formes), mais cela ne fera qu’aggraver la crise et ne permettra nullement que le sort des prolétaires soit amélioré, bien au contraire. En effet:

– Le protectionnisme ne change rien au rapport d’exploitation du prolétaire par les propriétaires et possesseurs des moyens de production. Il reste le rapport salarial, le salaire, prix de la force de travail, ne pouvant être amélioré que par la lutte (efficace surtout lorsqu’il y a plein emploi).

– Le plein emploi ne sera pas mieux approché par le protectionnisme. Bien au contraire. Car celui des uns entraîne celui des autres, la diminution des importations s’accompagne donc de celle des exportations, et cela provoquerait partout une gigantesque contraction des affaires qui décuplerait le chômage.

– A cette contraction s’ajouterait inéluctablement une forte augmentation des prix des nombreuses marchandises importées (il y en aura toujours beaucoup), et par contrecoup de toutes les autres. Cette élévation des prix serait un facteur de dégradation de la rentabilité du capital, donc de la croissance, en même temps que les salariés verraient leur pouvoir d’achat amoindri.

 

                                         

Les protectionnistes veulent aussi sortir de l’euro afin que l’État soit maître de la monnaie.Cela disent-ils dans le but qu’il puisse la dévaluer à sa guise.

Manœuvre qui est censée stimuler les exportations et renchérir les importations. Comme les importations couvrent une part très importante des besoins, on ne voit pas comment cela ferait baisser les prix (pensons au pétrole ou au gaz par exemple) et favoriserait les exportations. Mais surtout, la dévaluation, c’est aggraver l’inflation monétaire, donc ruiner le crédit, augmenter les taux d’intérêts, ce qui constitue dans la situation actuelle du capitalisme un puissant facteur de ralentissement rapide de la croissance, d’autant plus qu’elle entraîne la baisse du pouvoir d’achat des salariés. C’est d’ailleurs ce qui est déjà en train de se passer aujourd’hui, sans qu’il ait été besoin de sortir de l’euro.

 

Bref, par le protectionnisme, l’État ne dirige rien d’autre que la pose d’entraves bureaucratiques au développement du capital (la bureaucratie étant le moyen de la volonté de l’État, laquelle se prétend celle du peuple).

Il ne fait rien d’autre qu’aggraver la situation générale du capitalisme, et tout particulièrement celle des prolétaires, en prétendant vouloir un capitalisme sans la finance, ou une finance qui ne se soucie pas de gagner le maximum d’argent mais d’être patriotique, enfermé dans ses étroites frontières nationales. Ce n’est pas que le protectionnisme soit toujours inefficace. Il fut utile aux nations naissantes gagnant leur indépendance contre l’impérialisme. Il fut et sera utile aux peuples entreprenant de sortir du monde capitaliste après qu’une révolution politique ait brisé l’État bourgeois.

Mais il est néfaste pour tous les pays capitalistes où ce mode de production est déjà développé, et qui dépendent donc de ses exigences, de ses lois. Aujourd’hui plus que jamais, la dépendance de ce capitalisme au crédit et à la division du travail appelée mondialisation implique que le protectionnisme est rétrograde, réactionnaire au sens propre.

 

Mais ce protectionnisme n’est pas réactionnaire que parce qu’il bloquerait la croissance déjà faible du capital. Il l’est aussi, et c’est plus catastrophique encore, parce qu’en faisant des Autres (l’Europe, la Chine, etc.) des responsables de la misère du peuple, il en exonère donc le capital en tant que rapport de production, et exacerbe un nationalisme qui aboutit à lier le prolétaire à « son » capital contre ces Autres.

D’ailleurs, de la stigmatisation des Autres à celle des Étrangers, puis des Immigrés, il n’y a pas loin (et les faits historiques comme contemporains l’ont souvent montré).

Il est donc vain d’en appeler à une transformation démocratique des formes de l’État comme solution aux maux contemporains, sans poser la question de ces conditions d’un authentique pouvoir populaire, qui sont dans la maîtrise concrète par les individus des moyens de leur vie, de leurs rapports, de leur communauté (et la conquête de cette maîtrise est tout l’objet du procès révolutionnaire de transition au communisme). C’est pourtant la marotte favorite des étatistes qui ne cessent d’inventer des formules nouvelles pour, soi-disant, proposer « plus de démocratie », une « démocratie authentique » (mais, en réalité, se propulser au pouvoir et goûter à ses délices).

Dans ce domaine, un comble de la phraséologie creuse a été atteint par la formule « démocratie participative ».

En ajoutant « participatif » à « pouvoir du peuple », le politicien démontre que la démocratie, qu’il se propose bien sûr d’améliorer par la « participation » (vieille lune bourgeoise s’il en est, dite aussi « de la troisième voie » ni capitaliste, ni communiste, que de vouloir faire « participer » le prolétaire à la reproduction de la société capitaliste!), n’est qu’un pouvoir d’État sur la masse des individus.

 

Bref, il est tout à fait impossible à l’État de « restituer au corps social » la puissance dont il le dépossède de par sa nature et ses fonctions mêmes. Ce serait se détruire lui-même, et la société capitaliste avec lui.

 

Il faut réaffirmer que chaque fois que l’État grossit, chaque fois le travailleur est dépouillé davantage, davantage réduit à un assisté, sinon bien nourri du moins bien tenu en laisse.

Chaque fois que l’État prétend se charger de « créer du lien social », suivant l’expression à la mode chez les sociologues, c’est que ce lien a disparu dans les rapports concrets entre les individus (et ils ne peuvent le recréer que par la lutte collective, non dans l’aliénation de l’assistanat étatique suppléant la charité religieuse).

L’existence de l’État et l’existence de l’esclavage sont indissociables » disait Marx dès 1844. Il y a tout autant, sinon plus, de raisons aujourd’hui de le dire.

Les étatistes de gauche font sonner à tout instant leur « drelin-drelin » démocratique, « participatif », « citoyen », une « 6ème République » tout aussi bourgeoise que la 5ème.

Or, tous ceux qui ont l’expérience d’une activité militante, associative ou autre, ont pu constater combien l’Élu, surtout quand il a sans cesse le mot concertation à la bouche, se moquait du Citoyen, confirmant que ce dernier n’est plus rien dès qu’il a déposé son bulletin dans l’urne. Et ceux là vérifient ce trait d’humour de Woody Allen: « La démocratie c’est cause toujours, la dictature c’est ferme ta gueule ».

 

Quand les prolétaires luttent en tant que classe, ce n’est pas pour donner procuration à l’État de s’approprier le pouvoir de décider et d’exécuter, sans contrôle permanent. C’est pour décider eux-mêmes et contrôler eux-mêmes l’exécution de leurs décisions.

« Le parti de la subversion devient parti révolutionnaire en faisant surgir un adversaire compact, puissant » (K. Marx).

Cet adversaire, c’est l’État, l’organisateur de la reproduction des rapports de classe capitalistes et la bourgeoisie faite classe.

Renverser l’État, c’est seulement la première étape nécessaire de la révolution sociale.

« Changer la vie » exige beaucoup plus, exige de changer les conditions de la production de la vie, « l’ensemble des activités qui en est le fondement ».

Dans la révolution, le plus important est que le prolétariat apprenne à agir lui-même comme puissance et à « poser son intérêt propre comme l’intérêt universel ».

 

Pierre Lehoux – mai 2013