1917, La révolution Russe, un espoir pour les travailleurs du monde entier !

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Ce centième anniversaire ne doit pas nous faire oublier que cette première révolution est restée inachevée et qu’elle a conduit à la restauration du capitalisme sur les territoires qu’elle avait administrés. Cette commémoration est l’occasion de revenir sur un certain nombre de mythes et de réalités qui furent ceux de la Russie Bolchévique puis de l’URSS.

Ce constat ne doit pas nous décourager, car les conditions d’aujourd’hui sont objectivement bien plus favorables  aux révolutions du 21 ème sicle et à la marche au communisme.                                                                                                                             JMN


L’échec des révolutions communistes du XXème siècle.

Reprise d’un article de JM NICOLAS 07/11/2012

À chaque stade de développement des forces productives correspondent certains rapports de production, nature du mode de propriété, répartition des instruments de production… Ces rapports de production déterminent une superstructure philosophique, économique et juridique, mise en place par la classe dominante, celle qui détient les moyens de production, pour légitimer sa domination.

À partir de la deuxième moitié du XIX ème siècle, le progrès technique a permis la mise en place de moyens de production collectifs rationalisés (les mines, les usines…) alors que la propriété de ces moyens de production est demeurée privée (le capitalisme). Selon Marx et Engels la prochaine étape historique doit être le renversement des rapports de production capitalistes et la destruction de la superstructure capitaliste : l’état. Ce renversement doit s’opérer par une révolution menée par le prolétariat (la classe qui n’a pour subsister que sa force de travail à vendre) qui devient la classe dominante en exerçant sa dictature sur la bourgeoisie (la classe capitaliste), c’est la phase du socialisme, comme première étape du communisme, la société sans classe. La poursuite du développement des forces productives a conduit également à une collectivisation par la classe capitaliste des moyens de production ; ainsi si la gauche française put vilipender les capitalistes des ‘‘200 familles’’, la classe des propriétaires du capital est maintenant une véritable société anonyme internationale à participation croisée dont la plupart des acteurs nous sont inconnus (le cas de la famille Peugeot est par exemple un anachronisme). Dans ce Monopoly mondial, les dirigeants de société, qui eux sont connus, ne sont que des gérants (les régisseurs) pour le compte des propriétaires collectifs.

Moyens de production collectifs, détenus en propriété privée collective par quelques centaines de milliers d’individus qui en exploitent plusieurs milliards, tout concours au passage à l’étape historique suivante, celle de la révolution menée par le prolétariat. Pour Marx et Engels la révolution menée par le prolétariat devait avoir lieu dans les pays où les forces productives étaient les plus développées où logiquement le prolétariat était le plus nombreux et aussi le plus éduqué (pour des impératifs de production, il est préférable de savoir lire, écrire, compter..). Soit à leur époque, comme jusqu’à la moitié du XXème siècle, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, puis les Etats-Unis.

Les révolutions communistes du XXème Siècle n’ont pas suivi le scénario du matérialisme historique tel que l’avaient envisagé Marx et Engels.

Les révolutions communistes du XXème Siècle se sont déroulées dans des pays périphériques du capitalisme, des pays féodaux ou semi féodaux, en tout cas des pays arriérés où les forces productives étaient encore peu développées et le prolétariat faible voir inexistant. Elles ont pris des formes différentes selon les pays, les époques et les circonstances :

 Russie : révolution urbaine suite à des grèves et des manifestations ; prise du pouvoir par les armes par le parti Bolchevik.

 Albanie, Yougoslavie : guerre de libération nationale contre l’occupant Nazi, armée de partisans dirigée par un parti communiste, éviction de la résistance « nationaliste-royaliste »

 Chine : dans un contexte de guerre civile et d’occupation japonaise, guerre révolutionnaire prolongée, avec administration par les communistes des zones libérées en bases rouges, alliance puis affrontement avec le parti nationaliste Kuomintang.

 Cuba : création d’un foyer de guérilla (Foco) par des militants Cubains et des internationalistes sud américains selon la technique de la guerre révolutionnaire des campagnes vers les villes.

 Vietnam, Cambodge, Laos: guerre de libération nationale menée par les partis communistes contre l’intervention impérialiste US et les régimes à sa solde.

Les autres pays, qui ont appartenu un temps au ‘‘ camp socialiste’’, ne l’ont pas été suite à un processus révolutionnaire mais par l’intervention de l’armée rouge (Allemagne, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie) ou de l’APL Chinoise (Corée du Nord)

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La première révolution communiste : La Révolution RUSSE de 1917.

C’est celle qui nous intéresse particulièrement par sa primauté et les espoirs qu’elle a fait naître.

À la veille de la révolution, la Russie est un immense pays autocratique rural, qui connaît un développement tardif du capitalisme, essentiellement lié à des investissements massifs venus d’Europe occidentale. La classe ouvrière naissante, issue des campagnes, se retrouve souvent dans des usines géantes, elle est peu éduquée et sans tradition, elle reste très minoritaire dans le pays.

À la fin du XIXe siècle, les idées marxistes sont quasiment inexistantes en Russie, il n’y a ni syndicat, ni parti se revendiquant du marxisme, seuls quelques cercles d’intellectuels commencent à diffuser et commenter les ouvrages de Marx et Engels. C’est la fédération de ces cercles qui donnera naissance au POSDR (Parti Ouvrier Social Démocrate Russe : création formelle en 1898).

Le POSDR ne se structure véritablement qu’en 1903 lors de son 2ème congrès qui voit la séparation entre Mencheviks (Martov) et Bolcheviks (Lénine) sur les questions de l’organisation (la définition de qui est membre du parti). Sans rentrer dans les détails, on peut affirmer que ce tournant du siècle voit en Russie se développer une importante agitation urbaine contre le tsarisme :grèves, manifestations…

Le mythe du parti bolchevik, parti d’avant-garde, parti de révolutionnaires professionnels.

De l’opposition entre Mencheviks et Bolcheviks est née le mythe d’un parti bolchevik forgé dans l’acier, fort d’une ligne politique et marchant d’un même pas : rien n’est moins vrai. Quels sont les éléments qui réfutent ce bolchevisme mythique:

 Tout d’abord, si les divergences sont réelles, la séparation des deux tendances n’a pas lieu en 1903, mais bien plus tard, trois congrès plus tard. Il y eut même en 1906 un congrès dit « d’unification » sans véritable succès. Les bolcheviks ne se constitueront en parti autonome qu’en 1912

 Les frontières entre les deux groupes ne sont pas étanches, des militants passeront de l’un à l’autre (comme Rykov). Au cours de l’année 1917, les Bolcheviks ‘‘droitiers’’ rejoignent les Mencheviks, tandis que les Mencheviks de gauche font le chemin inverse. (c’est ainsi que le Comité inter-rayons dirigé par Trotski fusionne avec le Parti Bolchevik). Ces mouvements se poursuivront également après la révolution.

 Jusqu’à la veille de l’insurrection d’octobre, les principaux dirigeants bolcheviks sont en exil ou déportés : Lénine en Suisse ( retour avril 1917), Trotski, pas encore bolchevik, aux USA (retour en mai 1917), Zinoviev en Suisse (rentre avec Lénine), Radek en Suisse (rentre avec Lénine), Boukharine aux USA (retour en 1917), Chliapnikov en mission Europe puis aux USA (retour 1916), Staline, Kamenev, Sverdlov, Tomski déportés ( libérés en février 1917). Raisons pour lesquelles les congrès et conférences du POSDR, puis du Parti Bolchevik ont lieu hors de Russie.

 La presse et la propagande sont longtemps imprimées à l’étranger, le Parti de l’intérieur est souvent livré à lui-même, les communications sont difficiles, l’information et les consignes parviennent en retard, les dirigeants locaux doivent souvent improviser et d’une province russe à l’autre, les positions des Bolcheviks ne sont pas identiques. Lénine et Zinoviev se plaignent de ne plus avoir de nouvelles du Parti de l’intérieur pendant de longs mois.

 Si les militants et les cadres bolcheviks sont bien préparés à la lutte contre la répression et au travail clandestin, leur formation théorique et leur connaissance du marxisme est souvent rudimentaire. La première école de formation des cadres ne verra le jour qu’en juillet 1911 à Longjumeau (France), elle est créée par Lénine pour contrecarrer l’école de Capri fondé par Bogdanov (avec l’appui de Gorki).

 Lénine n’a pas toujours fait l’unanimité au sein du Parti, il a souvent dû ferrailler dur et à parfois été mis en minorité. En 1907, le désaccord est consommé avec Bogdanov, soutenu par la majorité du Parti, qui prône le boycott des institutions légales dans le journal Vperiod qu’il dirige (fraction Otzoviste). Bogdanov est alors, durant une brève période, le leader du mouvement bolchevik. En avril 1917, Lénine échoue à faire changer le nom du parti POSDR-bolchevik en Parti Communiste. En février 1918, en raison d’une forte opposition, Lénine peine à imposer au Comité Central une paix séparée avec l’Allemagne, la paix de Brest-Litovsk ne sera validée que par un vote au VIIème congrès du Parti en mars.

 Depuis le POSDR jusqu’au dans le Parti Communiste (Bolchevik) des tendances se sont toujours exprimées par de vifs débats dans le parti: Otzovistes, Opposition Ouvrière, Communistes de Gauche, Centralisme Démocratique, Opposition de Gauche …y compris publiquement (comme Zinoviev et Kamenev dénonçant dans la presse du parti le mot d’ordre d’insurrection avant que celle-ci ait lieu) et contre les décisions votées par les instances. Ce n’est qu’en 1921 (Xème congrès) que fut adopté, en même temps que la NEP, la résolution sur « l’unité du Parti » qui condamne le fonctionnement en fractions (tendances permanentes, maintenues entre 2 congrès, qui ont une organisation et une expression autonomes dans et hors du parti)

 En 1917 le parti Bolchevik compte 240 000 membres pour un pays de 184,6 millions d’habitants (0,13% de la population), c’est à la fois peu à l’échelle de la Russie et beaucoup pour un parti de ‘‘révolutionnaires professionnels’’ (comme si nous avions, en France, un parti communiste révolutionnaire de 78 000 militants).

Comme nous venons de le voir le Parti Bolchevik qui a fait la révolution, n’était pas le parti monolithique que l’on veut nous faire croire, celui-ci n’apparaîtra que plus tard En relation avec la situation Russe, mais aussi internationale, son fonctionnement et sa nature ont été transformés au milieu des années 20. En 1922, avec la montée des effectifs, c’est 97% de ses militants qui ont rejoint le parti après 1917 et la prise du pouvoir.

Quelles difficultés vont rencontrer les révolutionnaires russes pour conserver leur révolution.

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 Faire la guerre pour sauver le pays de l’agression impérialiste Avec la paix de Brest-Litovsk, la Russie se voit amputée d’une partie importante de son territoire, Etats Baltes, Pologne, une partie de l’Ukraine et de la Biélorussie. À la défaite de l’Allemagne, ces territoires ne retourneront pas dans le giron russe révolutionnaire, mais verront l’avènement de régimes nationalistes. L’armée rouge sera défaite par l’armée nationale polonaise. La Russie bolchevique subira l’échec de l’extension des insurrections révolutionnaires en Hongrie et en Allemagne (nous y reviendront). La Russie révolutionnaire subira un blocus économique de grande ampleur, elle connaîtra une intervention militaire des puissances impérialistes en soutien aux contre-révolutionnaires durant deux années de guerre supplémentaires.

 Survivre à l’échec de la révolution mondiale. Pour les bolcheviks, la Russie constituait le maillon faible des pays capitalistes, mais la vraie révolution devait venir des pays capitalistes avancés. Ceux-ci connurent, à partir de 1917, une recrudescence des grèves autour des conditions de travail et de l’approvisionnement, en France en Italie en Allemagne et en Angleterre. Ces mouvements allaient conserver un caractère revendicatif économique sauf en Allemagne et en Hongrie. Les espoirs Bolchevick étaient alors tournés vers cette Allemagne vaincue qui avait un prolétariat important, turbulent et organisé. Mais par manque de coordination, les différentes tentatives insurrectionnelles menées par les communistes allemands furent matées et conduisirent à l’échec global de la révolution en Allemagne. Les soviets de Hongrie isolés furent eux aussi vaincus, comme les tentatives qui eurent lieu en Autriche.

 Préserver la révolution, administrer le pays, développer les forces productives. Au nom d’un certain ‘‘réalisme’’ ces conditions sécuritaires difficiles conduiront à la suppression des conseils de soldats, au rétablissement des grades et au recours aux officiers tsaristes dans l’armée rouge (politique initiée toute autant par Lénine, Trotski que Staline). Pour faire face à une économie de pénurie, ce même réalisme enfantera la NEP avec un retour au secteur économique privé. Il y a un glissement progressif des positions depuis ‘‘ Tout le pouvoir aux Soviets’’ à ‘‘dans notre République des Soviets, le régime social est fondé sur la collaboration de deux classes : les ouvriers et les paysans, collaboration à laquelle sont également admis aujourd’hui, à de certaines conditions, les « nepmans », c’est-à-dire la bourgeoisie.’’ (Lénine). Au nom du réalisme économique et de l’efficacité, il faut abandonner le contrôle ouvrier sur la production au profit d’un corps spécialisé d’employés ( Comment réorganiser l’inspection ouvrière et paysanne – Lénine rapport devant le XIIe Congrès). Cela se traduira dans l’industrie par le rétablissement du salaire, des hiérarchies, puis des primes à la productivité… Le système sera étendu à l’ensemble de l’appareil d’état et au parti.

La direction et l’organisation du pays ont besoin de cadres et le parti s’ouvre aux employés et aux fonctionnaires de l’ancien régime. Comme nous l’avons déjà dit, en 1922, 97 % des communistes sont des nouveaux communistes qui le sont devenus après la révolution de 1917. En 1924, après la mort de Lénine, la campagne d’adhésions ‘‘ Promotion Lénine’’ fait plus que doubler encore les effectifs du Parti. Cette énorme affluence pose d’importants problèmes de formation politique que rencontrerait tout parti dans les mêmes conditions. Dès 1920 apparaissent des organismes administratifs chargés sous la direction du Comité Central du recensement, des nominations et de l’affectation des cadres du parti. En 1922, Staline prend la direction de ces organismes en accédant au poste nouvellement créé de Secrétaire Général à l’organisation. Au nom de la rationalisation, les organes de direction qui doivent être élus le deviennent sur recommandation des échelons supérieurs, eux-mêmes dépendant des organes du Secrétariat Général. C’est le régime nouveau de la cooptation.

 Construire le Parti Mondial, la IIIème Internationale « Prolétaires de tous les pays, peuples opprimés, unissez-vous ! » La faillite des partis ouvriers socialistes et sociaux-démocrates au début de la 1ère guerre mondiale, s’est manifestée par leur ralliement aux bourgeoisies nationales et leur soutien à l’effort de guerre. Ce passage de la pensée socialiste vers le populisme, le nationalisme et le patriotisme, a semé les germes de l’idéologie fasciste (l’héritage se fera directement pour des dirigeants socialistes ou communistes : comme Mussolini, Déat, Doriot…ou plus confusément comme chez les nationaux bolchevicks allemands) C’est contre le patriotisme de ces partis de la classe ouvrière, que s’est fait nécessité la création d’une nouvelle internationale en mars 1919. Si la nouvelle internationale à produit dans ses congrès un matériel théorique important sur la situation mondiale, ses implications concrètes sont beaucoup plus mitigées.

• Echec dans le soutien aux révolutions européennes : principalement les révolutions allemandes en raison des tergiversations de l’internationale et du rôle ambiguë de RADEK

• Échec en Chine de la politique d’intégration au Kuomintang, puis d’insurrection de 1927 dont les communistes chinois sortent laminés

• Échec lors de la guerre civile espagnole, les révolutionnaires de ce pays ne correspondant pas au modèle russe.

Par un glissement sémantique l’internationale est passée d’un « les prolétaires n’ont pas de pays, les prolétaires n’ont pas de patrie » à « l’URSS la patrie du Socialisme », dès lors elle devient l’Office Mondial de défense des intérêts de l’état soviétique. Ce tournant qui a lieu vers le milieu des années 20 est intimement lié au mot d’ordre de « l’édification du socialisme dans un seul pays », L’URSS est alors le seul pays ayant réussi sa révolution, la mission première des communistes du monde est de préserver cette conquête, raison pour laquelle les intérêts politiques, économiques, diplomatiques de l’URSS sont prioritaires sur toutes autres considérations.

En 1943, Staline dissoudra même l’Internationale Communiste, pour ne conserver plus tard qu’un bureau d’information et de liaison des partis communistes européens (Kominform)

 L’édification du socialisme dans un seul pays. Avec le tournant de la NEP, se développe dans le parti un courant économiste mené par SOKOLNIKOV et BOUKHARINE autour des questions suivantes : Est-il possible de construire l’économie socialiste en URSS et si oui, est-il possible de la construire alors que la révolution tarde dans les pays capitalistes avancés et que le capitalisme se stabilise ? Est-il possible de construire l’économie socialiste en suivant la voie de la Nouvelle Politique Economique ? c’est à partir de ces interrogations que BOUKHARINE va avancer le concept de « Socialisme dans un seul pays » position ralliée par STALINE et le groupe du centre. Fort de cette majorité BOUKHARINE se verra propulsé en 1924 à la tête de l’Internationale (à la place de ZINOVIEV) et c’est à lui que nous devons cette inflexion de la ligne internationaliste (notamment sur la question de la révolution chinoise en plaçant le PCC sous la tutelle du parti nationaliste…).

Le « Socialisme dans un seul pays » peut être envisagé comme une voie réaliste par rapport à la situation internationale de l’époque, fallait-il continuer ou abandonner ? Ce qui pose problème c’est la mise en oeuvre qui en a été faite. C’est aussi la subordination complète du mouvement communiste mondial aux seuls intérêts prioritaires de l’Union Soviétique, de son maintien, de sa survie. L’URSS à tout prix.

L’isolement de la Russie Bolchevique puis de l’URSS, le blocus économique, les difficultés internes, deux guerres d’agressions impérialistes (1914-1920 et 1941-1945) vont formater une pensée de citadelle assiégée, une sorte de paranoïa de l’ennemi qui est partout. Cette même conception conduira après 1945 à la course aux armements comme réponse à l’imminence d’une agression US, cette course qui enfermera le pays dans une économie de pénurie et conduira à sa ruine.

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À partir de 1927, il n’existe quasiment plus de débats démocratiques dans le parti. Par sa maîtrise des organismes administratifs du parti et de l’état, STALINE à la tête du groupe centriste dans le parti peut à sa guise isoler et démanteler les oppositions successives en envoyant ses chargés de missions (Molotov, Kalinine, Kaganovitch Vorochilov, Kirov…) réorganiser les instances locales. Toute critique est écartée, les opposants organisés dans le parti deviennent le « Bloc ennemi du peuple ».

 La mise en oeuvre de l’édification du socialisme dans un seul pays.  De 1930 à 1953 Staline et le groupe centriste qui prend la direction totale du parti et de l’état seront véritablement les seuls comptables de cette politique d’édification du socialisme dans un seul pays (qui se poursuivra après la mort de Staline jusqu’à l’effondrement du système). Après le tournant de la NEP, cette politique à pour bases l’industrialisation et la collectivisation rationalisées au moyen de la planification (plan quinquennal), quelle est sa véritable nature ?

Quelle propriété collective des moyens de production ? L’article 10 de la constitution de l’URSS déclare : « Le système économique de l’URSS est fondé sur la propriété socialiste des moyens de production sous la forme de la propriété d’état (de tout le peuple) et de la propriété kolkhozienne et coopérative…. ». Il y a donc en apparence 2 formes de propriété, la propriété d’état et celle des collectivités économiques.

La propriété d’état est-elle une garantie suffisante de propriété socialiste : non car de nombreux pays capitalistes ont eu recours à un important secteur économique étatisé pour assurer le développement de leurs forces productives (Allemagne, Japon, France, Corée du Sud…). Par le biais de l’état et par le contrôle qu’elle exerce sur lui, une classe administre collectivement ses biens au mieux de ses intérêts. La propriété d’état soviétique serait propriété de tout le peuple, est-ce à dire que tout le peuple exerce son contrôle sur l’état et la propriété d’état ? Et bien non puisque déjà Lénine avait fait abandonner le contrôle ouvrier sur la production au profit d’un corps spécialisé d’employés et d’administrateurs ; ce sont ces corps de fonctionnaires qui administrent la propriété d’état sous la houlette du parti dont ils sont également issus. À une échelle plus petite, le phénomène reste le même en ce qui concerne Kolkhozes et Coopératives dont le président et la direction sont « élus » sur proposition des instances locales du parti. Il n’y a pas une once de contrôle ouvrier dans ces collectivités économiques.

Après l’expropriation du capital et quel que soit le mode de propriété collective, il n’y a pas d’avancée au socialisme sans plein exercice du contrôle ouvrier. À l’inverse prôner le contrôle ouvrier et l’ouverture des livres de compte en système capitaliste est une pure chimère !

Existait-il du sur-travail, de la plus-value en Union Soviétique ? Marx nous dit : « La suppression du mode production capitaliste permet de limiter la journée de labeur au travail nécessaire. Néanmoins il s’accroîtrait si les conditions demeuraient constantes. D’une part parce que les conditions de vie du travailleur s’améliorent et ses exigences deviennent plus grandes, d’autre part parce qu’une partie de l’actuel sur travail serait intégrée au travail nécessaire à la constitution d’une réserve sociale et à un fond d’accumulation… à la constitution d’un fond d’assurances et de réserve et aussi à l’élargissement constant de la reproduction à la mesure des besoins sociaux. » (le Capital)

Le sur-travail permet de faire fonctionner la protection sociale (santé, retraites..) l’éducation, la recherche, les transports en commun, la culture, les loisirs…, des secteurs non directement productifs, tout comme l’administration du pays.

Toutefois le travailleur soviétique voit bien qui s’accapare la plus grosse part des bénéfices de ce sur travail, quels groupes bénéficient des magasins et restaurants spéciaux, des voitures particulières, des villas, des hôtels, de la possibilité de voyager, des postes héréditaires dans la direction de l’économie, l’appareil d’état ou le parti. Il y a bien un groupe d’individus qui sans être formellement, nominativement propriétaires des moyens de production, s’en accapare la gestion en dehors de tout contrôle aux fins de ses intérêts propres et pour sa propre reproduction. Il y a bien un groupe parasitaire au même titre que la bourgeoisie capitaliste est une classe parasitaire.

Le Plan une loi de l’économie socialiste ? Dans le système capitaliste, il n’y a pas d’autorité directrice supérieure de coordination, en ce sens on peut dire que les mécanismes de régulation sont anarchiques, le navire est sans maître. Le régulateur en chef est essentiellement le marché (et dans une moindre mesure les états comme représentants d’intérêts capitalistes particuliers) et les prévisions de fluctuations que l’on pourrait déduire de la situation. En cela les réactions des acteurs économiques ne sont pas toujours le fruit d’une analyse objective et de déductions logiques ; l’individualisation de la course au profit immédiat introduit une notion de pari, de prise de risques, sans rapport avec l’économie réelle (les coups de poker menteur dans une économie casino).

Dans l’économie socialiste de l’URSS, la quasi-intégralité des moyens de production est propriété contrôlée par l’appareil d’état, elle constitue un immense monopole sur un immense territoire. Il est donc tout à fait légitime de vouloir en faire une exploitation rationnelle et coordonnée, éviter les doublons de production, la concurrence entre unité de fabrication, développer la recherche et développement, favoriser la productivité et la mécanisation, initier des grands projets, développer les infrastructures…toutes perspectives réalisables grâce à une planification raisonnée.  Mais la planification n’est pas l’identifiant principal d’une économie socialiste, des états capitalistes comme la France de De Gaule ont utilisé, avec plus ou mois de succès, la planification et un important secteur industriel nationalisé pour réaliser des grands projets et construire des monopoles (industrie nucléaire, aéronautique, armement, plan calcul …)

Si la planification soviétique a atteint un certain nombre de ces objectifs, elle a échoué comme système général de rationalisation de l’économie en raison de sa conception même. Les raisons principales de cet échec sont dues au fait que l’économie soviétique n’a jamais fonctionné comme un monopole unique, mais que ses unités de production ont gardé une certaine indépendance et un fonctionnement séparés. D’autre part les objectifs de la production planifiée établis par les organismes d’état étaient exprimés en quantité ou en valeur financière. C’est-à-dire que le plan peut être rempli sans aucun souci de l’utilité des productions ni de leur qualité (dans la plupart des cas c’est l’entreprise qui contrôle sa propre production, sauf pour l’industrie d’armement). Lorsqu’il est exprimé en valeur financière, et alors que c’est l’état qui fixe les prix, l’entreprise peut avoir tendance à fabriquer les produits chers, même s’ils ne se vendent pas.

Pour des raisons pratiques (il fallait reconstruire de toute urgence les moyens de production) et idéologiques : la priorité a été donnée à l’industrie lourde au détriment des biens de consommation, puis en raison du second conflit mondial, de la guerre froide, aux industries d’armement. Jusqu’à sa chute, l’URSS a consacré des sommes considérables (de 15 à 20 % du PIB) à cette course aux armements qui l’a opposée à l’impérialisme US. Pour le peuple tout entier, l’URSS est resté une économie de pénurie de biens de consommation courante avec souvent des produits obsolètes et de mauvaise qualité à côté de laquelle a germé une économie parallèle issue du pillage social et du marché noir (propre aux mafias comme prémisses d’une accumulation primitive du capital).

La condition des travailleurs s’est-elle améliorée ? Sauf durant une période du communisme de guerre où l’état avait dû organiser la répartition autoritaire des produits de première nécessité et ravitailler les villes, l’argent a toujours été utilisé dans les échanges en URSS et le salariat maintenu (contrairement à la conception marxiste du socialisme). Le nombre de jours de travail a été augmentés, en augmentant la durée de la semaine de travail (48h à 50h alors que les travailleurs français se battaient pour la semaine de 40h), en supprimant des jours fériés d’abord religieux puis révolutionnaires, en réduisant le nombre de congés, puis en instaurant les samedis et dimanches travaillés (volontaires).

Chaque travailleur est doté d’un livret (comme au 19ème siècle en France) où sont consignés toutes les modifications de sa situation (indispensable pour obtenir un emploi ou percevoir sa retraite). L’absentéisme est pénalisé au sens propre puisqu’il peut conduire à une condamnation au travail forcé.

Les salaires sont bas et le restent. Le salaire à la tâche est largement pratiqué (il représente encore 56,2% du salariat en 1975) au détriment du salaire à l’heure et de la mensualisation. Par « l’émulation socialiste au travail », le mouvement des travailleurs de choc, le stakhanovisme, la propagande met en scène une productivité illusoire et fait se développer une aristocratie ouvrière pour contrecarrer l’apathie de la classe ouvrière. Alors que les augmentations de salaires se révèlent inutiles face à la pénurie de biens de consommation, à l’initiative de cadre locaux se développe tout un réseau de favoritisme et de prébende qui visent à fragmenter la classe ouvrière pour en atténuer le mécontentement. Ce système contribue au profond désintérêt de la classe ouvrière pour un travail qui lui est extérieur et dont elle ne tire pas avantage. Il est assez bien résumé dans la plaisanterie « l’état fait semblant de nous payer, nous faisons semblant de travailler ». Pas étonnant dès lors qu’il n’y eut que peu de travailleurs pour s’opposer à la chute de ce socialisme là.

Le tableau du monde du travail soviétique serait incomplet si l’on ne prenait soin d’évoquer les immenses chantiers de développement d’infrastructures qui ont mobilisé des centaines de milliers de jeunes volontaires étudiants, ouvriers et komsomols, tout comme ceux qui ont utilisé les condamnés au travail forcé, bagnards le plus souvent communistes devenus « Bloc des ennemis du peuple » qui ont construit les routes, les voies ferrées, les villes nouvelles de l’Extrême-Orient ou du grand Nord soviétique. Le sur-travail y atteint alors son maximum, puisque dans l’un des cas, les travailleurs sont nourris logés et dans l’autre, il n’est question que de les maintenir les ZEK en état de survie dans cet esclavage moderne.

L’édification du socialisme dans un seul pays a-t’elle résolu la question des nationalités ? Au commencement, les bolchevicks ont été préoccupés par la question des nationalités, LENINE puis à son initiative STALINE se sont penchés sur la question dans des articles et des brochures. Comment unifier le pays hérité de l’empire tsariste en une seule nation socialiste ?  Dans « Le Marxisme et la question nationale » (1913), STALINE fait une analyse assez fine de la problématique. Il donne une définition scientifique de la Nation « une communauté stable historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans une communauté de culture ». Les exemples, qui illustrent la brochure, choisis avec une certaine clairvoyance sont ceux qui poseront problèmes à l’URSS puis à la Russie post-soviétique (Pays Baltes, Géorgie, Caucase, Crimée…).

Malheureusement un bon diagnostique ne fait pas le bon remède. Dans le système de citadelle assiégée que connaît l’URSS, la question des nationalités va d’abord être traitée de manière sécuritaire. Les 15 années qui vont du milieu des années 30 à 1950 verront des millions de personnes déportées en tant que groupes nationaux hostiles au régime, ou suspects de collaboration avec l’ennemi extérieur, phénomène s’accentuant pendant la seconde guerre mondiale (Polonais, Baltes, Finnois, Biélorusses, Allemands, Grecs, Roumains, Tatars, Karachay-Cherkes, Tchétchènes, Ingouches, Balkars, Meskhs, Kurdes, Arméniens, Bulgares, Turcs…). Ces afflux de populations vont aussi déstabiliser les républiques périphériques de destination (Ouzbékistan, Kirghizie, Kazakhstan, Turkménistan, Sibérie…) et exacerber les rancunes contre le Centre Grand Russe.

À la fin de la seconde guerre mondiale, l’URSS a récupéré l’intégralité des territoires de l’empire russe : Etats Baltes, Ukraine, Biélorussie, Pologne et s’est adjoint des pays vassaux libérés par l’armée rouge Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie et dans une moindre mesure Yougoslavie et Albanie.

Les faits ont contredit le propos de STALINE qui préconisait « Pour consolider l’union entre la Russie centrale et la périphérie, il faut liquider cette méfiance, créer une atmosphère de compréhension mutuelle et de confiance fraternelle…abolir, en fait et non pas en paroles, les privilèges de tout genre, de tout ordre dont jouissent les éléments colonisateurs… » (La Pravda 10/10/1920).

La nouvelle société socialiste n’a pas empêché, les éléments « grands russes » de se comporter et/ou d’être perçu comme des colons. Cette perception a aussi contribué à exacerber les sentiments nationalistes locaux. (les conflits linguistiques auxquels sont confrontés aujourd’hui les minorités russes des nouveaux états issus de l’URSS en sont aujourd’hui une illustration en miroir)

 De la Coexistence Pacifique à la Glasnost, une même continuité. La mort de STALINE, en 1953, n’est pas l’occasion des bouleversements auxquels on veut nous faire croire maintenant, c’est tout au plus une « révolution » de palais où les têtes qui tomberont se compteront en unités (Béria, Malenkov…), rien à voir avec l’épuration de la vieille garde bolchevique de 1927 à 1933. À travers la dénonciation de STALINE et du culte de la personnalité, la nomenklatura s’est trouvé habilement un bouc émissaire qui la dédouane de toutes les erreurs passées et de tous les crimes commis, qui le deviennent au nom de STALINE. C’est une imposture complète.

Après STALINE, le système économique ‘‘socialiste’’ demeure identique, priorité à l’industrie lourde, à l’armement, à l’électronique, à la recherche atomique et à la conquête spatiale (1957-Spoutnik, 1961- Gagarine) au détriment toujours des biens de consommation. Tout au plus voit-on une sorte de NEP dans l’agriculture avec l’intéressement des kolkhoziens à l’augmentation de la production agricole et la libération puis la réhabilitation de dizaines de milliers de communistes détenus dans les camps de travail. KHROUCHTCHEV (militant ouvrier, entré au parti avant la révolution de 1917, Commissaire aux armées durant la bataille de Stalingrad, organisateur de la reconstruction de l’Ukraine après guerre, 1er secrétaire du PC de la région de Moscou…) : le révisionniste, n’est pas plus social-traitre que son prédécesseur.

La prétendue rupture et sa qualification de révisionniste, vont permettre à des partis communistes au pouvoir (Chine, Albanie), qui n’étaient pas dans la ligne de l’URSS de se démarquer à bon compte du grand frère soviétique. Ceux qui dans la conduite de leur révolution n’avaient que fait semblant de suivre les conseils de STALINE et du PCb de l’URSS, vont devenir ses plus fidèles et ardents défenseurs sous la bannière de « l’orthodoxie » marxiste-léniniste.

Malgré l’usage du vocable Khrouchtchévien de Coexistence Pacifique, la politique de l’URSS après STALINE reste dans le cadre de la confrontation avec l’impérialisme en référence à la défense de la patrie socialiste : fin de la guerre d’Indochine, crise de Suez, mur de Berlin, crise des missiles à CUBA, guerre du Vietnam, guerre du Kippour, guerre en Afghanistan, crise des Euromissiles…

« Mais il y a aussi une stratégie politico-économique qui consiste à entraîner les Soviétiques dans la spirale de dépenses sans fin, destinée à freiner ou empêcher leur progression dans d’autres domaines. Chaque fois qu’on peut les pousser dans une surenchère, chaque fois qu’on les incite à gaspiller leurs ressources en canons plutôt qu’en beurre, on ralentit leur marche vers le bien-être. Et la propagande occidentale a ainsi beau jeu de mettre en avant le niveau de vie moyen 8 plus faible des pauvres peuples malades du socialisme, par rapport à tous ceux qui s’épanouissent dans le système capitaliste. »1

C’est cette spirale infernale que GORBATCHEV a voulu briser en initiant des réformes économiques, en baissant la garde et en ouvrant un certain nombre de libertés publiques. À l’inverse, les réformes économiques mises en place vont accentuer les inégalités sociales, sans résoudre les questions de l’approvisionnement. La démocratisation et la réforme constitutionnelle (pour une nouvelle Union) vont favoriser la montée des nationalismes. La nouvelle configuration met en avant le populiste ELTSINE, qui devient incontournable à Moscou puis au niveau de la Fédération de Russie.

Habile bénéficiaire du putsch qui renverse GORBATCHEV, il va réussir à se placer au sommet de l’état où comme héritier des réformes de son prédécesseur, il va démanteler le parti, puis l’URSS avant d’en privatiser l’économie. La méthode utilisée sera celle de la privatisation par coupons, les salariés devenant copropriétaires de leur usine, libre de vendre ou de conserver leurs coupons/actions. Dans les faits comme bien souvent les salaires n’étaient plus versés, les dirigeants avisés ont alors racheté massivement les fameux coupons pour une bouchée de pain, devant ainsi les propriétaires en titre des moyens de production.

« Paralysés par l’ampleur de la crise et l’opacité des nouvelles règles du jeu, les salariés ont été incapables de s’opposer par leur mobilisation à cette spoliation massive. L’Etat en revanche a été instrumentalisé au profit d’un petit groupe de personnes. »2

Alors le groupe qui administrait le pays à travers le Parti et l’appareil d’Etat, par une propriété collective des moyens de production ‘‘au nom de tout le peuple’’, est devenu propriétaire privé, en son nom propre, de ces mêmes moyens de production. Ainsi le capitalisme prédateur le plus classique a été restauré en URSS.

En guise de résumé et de conclusion : Les raisons de l’échec de la première révolution communiste du XXème siècle sont multiples et c’est la conjonction de circonstances et de décisions qui a conduit à l’effondrement, tel que nous l’avons connu, de l’expérience socialiste en URSS. Elles sont les suivantes dans un ordre qu’il est difficile de hiérarchiser

 Le parti communiste bolchevick, a changé de nature (disparition de ses cadres, renouvellement quasi complet de ses effectifs) et de statuts (abandon du débat politique collectif selon le centralisme démocratique : unité-critique-unité) entre 1925 et 1930

 Il n’y a pas eu de révolution victorieuse dans les pays capitalistes avancés, la révolution mondiale n’a pas eu lieu.  La Russie isolée a subi un blocus économique et a été attaquée par les armées impérialistes en soutien aux contre-révolutionnaires.

 Il a fallu faire des efforts considérables pour redresser le pays dévasté. Ces efforts se sont accomplis au détriment de la démocratie prolétarienne, les soviets n’ont plus joué leur rôle dirigeant (ils font de la figuration dans le nouvel état socialiste), le contrôle ouvrier a été supprimé au profit d’un corps de techniciens de d’administrateurs professionnels.

 Le Parti Communiste et l’état se fonctionnarisent.

 Le Parti Communiste s’oriente vers l’édification du socialisme dans un seul pays.

 L’Internationale Communiste échoue comme soutien théorique et logistique aux révolutions dans le monde, puis s’embourbe dans un patriotisme soviétique en devenant l’organe de défense des intérêts économiques et diplomatiques de l’URSS (avant de disparaître)

 Les initiatives de l’économie socialiste ne révolutionnent pas le monde du travail qui reste sous le régime du salariat. Les conditions de travail ne sont pas bonnes, la productivité est faible, comme les salaires et faute de démocratie dans l’entreprise, le travail est vécu comme sans intérêt par les travailleurs.

  L’existence d’une caste supérieure d’administrateurs bénéficiant de tous les privilèges saute aux yeux. L’égalitarisme n’existe pas, il y a bien réalisation d’une plus value sur le dos des salariés producteurs au profit d’une caste parasitaire en dépit du mode formel de propriété des moyens de production.

 La gestion de l’économie par le plan reste déficiente, elle privilégie l’industrie lourde et l’armement et ne peut donc permettre une amélioration continue des conditions de vie.

 Ravagée par deux conflits mondiaux, la Russie devenue URSS va s’engager contre les USA dans une course aux armements qui la laissera exsangue.

 Le syndrome de citadelle assiégée, va générer une construction paranoïaque, le système broyant ses propres enfants (c’est ce communisme là qui a tué le plus de communistes)

 Malgré de bonnes intentions, l’URSS n’a pas pu apporter une réponse correcte au problème des nationalités, qui a été attisés par les fascismes, la guerre, puis par l’impérialisme US triomphant. Cela demeure vrai aussi après 1945 dans les rapports entre les nouvelles démocraties populaires et le grand frère soviétique.

 Pour des raisons liées au contrôle de ses frontières (l’étranger proche), l’URSS va s’engager dans un trop long et meurtrier conflit en Afghanistan.

 Empêtré dans ses contradictions, le système « socialiste » n’a pas su ou pas pu se réformer, au point qu’il ne s’est pas trouvé de force suffisante parmi « le peuple tout entier » pour vouloir le sauver.

 Une fraction de la caste dirigeante, forte du soutien de l’impérialisme, a pu alors prendre le dessus et restaurer une économie capitaliste à son seul profit en s’accaparant le bien collectif.

07/11/2012

 


1) Antoine Sanguinetti- Le devoir de parler- Fernand Nathan 1981 : L’amiral rayé des cadres en 1976 dénonce la supercherie de la suprématie militaire de l’URSS, de la course aux armements qu’elle génère à travers la théorie de l’équilibre des forces.
2 Les privatisation en Russie et la naissance d’un capitalisme Oligarchique- Fondation Gabriel Péri 2005

Sources

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